Après cinq années de travail, la première phase de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique, plus connue sous l’appellation anglo-saxonne Science Granting Councils Initiative (SGCI) a été clôturé officiellement en février 2020. A l’heure du bilan, la direction du financement de la recherche scientifique (DFRSDT) et du développent technologique au niveau du ministère sénégalais de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI), qui a piloté le projet au niveau du Sénégal tire un bilan globalement positif. Le projet a permis au conseil subventionnaire de la recherche scientifique (SGC) du Sénégal de renforcer considérablement ses capacités de gestion des projets de recherche et mieux il est mis à l’actif de la SGCI d’avoir servi de déclic à la préparation d’une politique nationale sur les STI.
« Le SGCI nous a permis de renforcer nos capacités en termes de gestion de projets, de collectes des données, grâce aux ateliers formations. Il a aussi permis de mettre à jours nos documents d’administration du fonds de financement de la recherche », déclare Prof. Soukèye Dia Tine, directrice du financement de la recherche scientifique et du développement technologique.
Préparation d’une politique STI
En plus de booster de permettre le renforcement des capacités du conseil subventionnaire en l’occurrence la direction du financement de la recherche et du développement technologique une des réussites majeures du projet SGCI réside dans sa capacité d’impulser la réflexion et l’action en matière de politique publique dans le domaine de la recherche scientifique.
Cet aspect se traduit d’après la directrice du financement de la recherche et du développement technologique par la préparation d’un document de politique nationale sur la Science et les technologies (STI).
« Il s’agit d’un document de politique nationale sur les STI, les chercheurs sénégalais sont très bien considérés à l’international, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas encore de politique STI, ce qui est un vrai paradoxe », explique Prof. Dia Tine. Grace au projet SGCI, le document qui est actuellement à l’état de draft sera bientôt une réalité. De plus, le gouvernement sénégalais va mettre en place un Fonds national de la recherche et de l’innovation (FNRI) qui viendra remplacer l’actuel Fonds d’impulsion de la recherche scientifique et technique (FIRST).
Collaboration fructueuse avec le Burkina Faso
Doté d’un financement global de 13 millions de dollars, la première phase du projet SGCI a réuni quinze pays africains dont trois pays ouest africains francophones comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Sénégal.
Durant cette première l’action du conseil subventionnaire du Sénégal a surtout pris les atours d’une collaboration transfrontalière. Sous ce rapport, la première phase a vu l’exécution de deux projets menés conjointement avec le conseil subventionnaire du Burkina Faso en l’occurrence le Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (Fonrid).
Cette collaboration a permis de sélectionner deux projets conjointement exécutés dans les pays. Il s’agit d’un projet agricole sur la récupération des terres salinisées et un autre portant sur la santé en particulier les maladies chroniques chez les personnes âgées.
« Ce qui est intéressant ici, c’est que les équipes travaillent sur la même thématique dans deux pays différents », souligne Prof. Soukèye Dia Tine qui précise au passage que ces deux projets qui ont donné des résultats satisfaisants ont été financés à hauteur de 50 millions FCFA, partagé équitablement entre les deux pays.
Le privé, maillon faible
En dépit des résultats globalement satisfaisants, le conseil subventionnaire du Sénégal relève un « maillon faible » qui relève de la faible implication du secteur privé.
« Au niveau du ministère, nous avons des mécanismes de financements mais c’est n’est pas suffisant. Dans la recherche de haut niveau, il faut que le privé intervienne de manière consistante », Prof. Soukèye Dia Tine. Le conseil subventionnaire espère un changement au cours de la seconde phase du SGCI avec notamment un financement plus consistant.
La première phase selon prof. Soukèye Dia Tine a été fructueux en termes de networking et de collaboration avec des collègues issues d’autres régions du continent. Le networking et les différentes rencontres organisés ont aussi permis l’arrivée de quelques bailleurs additionnels qui ont manifesté leur intérêt.
Pour la seconde phase, le conseil subventionnaire du Sénégal sur la base de critères d’excellence a déjà sélectionné neuf projets couvrant des domaines comme l’agriculture, l’énergie et la santé. Autant de domaines qui cadrent avec les orientations et les priorités du Plan Sénégal Emergent, un référentiel socio-économique lancé par l’Etat du Sénégal en 2014.
Parmi les recommandations formulées par le Prof. Soukèye Dia Tine pour la suite, il faut un renforcement du budget dédié au financement des projets, une meilleure communication entre les porteurs du projet et les conseils subventionnaires et leurs tutelles ministérielles. Selon elle, le renforcement de capacités doit aussi se faire sur l’aspect numérique ce qui va permettre à terme d’adopter une stratégie de numérisation des appels à candidatures.
Momar Niang
Journaliste scientifique/ Sénégal