L’Université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT) a célébré, jeudi dernier, la sortie de la toute première promotion de docteurs en pharmacie de son Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences de la Santé. Ils sont 24 lauréats – 11 filles et 13 garçons – issus de neuf nationalités différentes, à avoir reçu leur parchemin, en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf.
Baptisée du nom du professeur Cheikhna Sylla, pionnier de la filière pharmaceutique à l’UIDT et ancien directeur de l’UFR, cette promotion incarne un tournant historique pour l’université et pour l’enseignement pharmaceutique au Sénégal.
Une formation d’avenir au service de la santé publique
Dans son adresse aux diplômés, le ministre Abdourahmane Diouf a salué le courage et la vision des étudiants qui ont choisi de s’engager dans une filière alors en construction. « Vous êtes des pionniers. Vous avez accepté de suivre une formation naissante, encore en structuration, avec son lot de défis et d’incertitudes, mais aussi d’opportunités », a-t-il déclaré.
Il a tenu à souligner le rôle central du pharmacien dans le système de santé : « La pharmacie n’est pas qu’une discipline scientifique. C’est une vocation au service de la santé publique. Elle exige rigueur, éthique et humanité ». Les nouveaux docteurs, a-t-il ajouté, ont été formés à maîtriser les molécules, à comprendre les pathologies, à élaborer des protocoles, mais aussi à écouter, conseiller et accompagner les patients.
« Que vous exerciez en officine, en milieu hospitalier, dans l’industrie pharmaceutique, la recherche ou la santé publique, souvenez-vous que vous êtes les garants de la qualité, de la sécurité et de l’éthique dans le circuit du médicament », a martelé le ministre.
Des débuts difficiles, mais une expérience résiliente
Le directeur de l’UFR Santé, le professeur Mamadou Lamine Cissé, est revenu sur les débuts laborieux de cette aventure académique lancée en 2018, en partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), jusque-là seule institution au Sénégal à proposer une formation en pharmacie. « Le besoin de former plus de pharmaciens était réel, mais l’engagement n’a pas été facile », a-t-il rappelé.
La pandémie de Covid-19 a également mis à rude épreuve l’établissement, mais grâce à une transition rapide vers l’enseignement à distance, les étudiants ont pu poursuivre leur cursus sans interruption majeure.
Cette première promotion a achevé son cursus en 2024. La cérémonie de sortie a été organisée après que la majorité des étudiants ont soutenu leur thèse, dans un souci d’inclusivité, a expliqué le Pr Cissé.

Des pharmaciens polyvalents et engagés
Le directeur de l’UFR s’est dit confiant dans les compétences des nouveaux diplômés, capables selon lui d’évoluer dans divers domaines : officines, laboratoires d’analyses, industrie pharmaceutique, auto-entrepreneuriat, ou encore dans la gestion et la distribution des médicaments.
Le Pr Cissé a également lancé un appel à l’État pour renforcer l’effectif d’enseignants, notamment dans la filière pharmacie, et a plaidé pour un appui accru à la recherche. Il a notamment évoqué le besoin de créer un jardin botanique et une animalerie pour améliorer les conditions de production scientifique.
Un centre de formation dynamique et international
Avec 2 200 étudiants issus de 24 nationalités et 21 formations diplômantes, l’UFR Sciences de la Santé de Thiès est devenue en quelques années un pôle régional majeur. Le département pharmacie accueille à lui seul 229 étudiants, dont une majorité de filles (153 contre 76 garçons), témoignant d’un engouement certain pour cette filière porteuse.

En clôturant la cérémonie, le ministre Abdourahmane Diouf a rendu hommage au corps professoral : « Les enseignants-chercheurs ont transmis bien plus que des connaissances. Ils ont su allier excellence académique et bienveillance, innovation pédagogique et ancrage professionnel. » Il a exhorté les diplômés à prendre le relais : « À vous maintenant d’écrire la suite. »
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