Les infirmiers, infirmières et de sages-femmes en ont marre de leur place dans la politique sanitaire du gouvernement sénégalais. Réunis à Saint-Louis en présence du secrétaire général du syndicat démocratique des travailleurs de la santé et du secteur social (SDT3S), ces derniers ont haussé le ton pour déplorer le sabotage organisé par les autorités pour détruire leur corps dans le système. Une forfaiture que les camarades de Cheikh Seck comptent combattre par tous les moyens légaux en leur possession. D’ailleurs en guise d’avertissement du plan d’action, le corps des infirmiers et infirmières sera en grève les 13 et 14 septembre prochain pour exiger plus de considération et de respect à l’égard de leur fonction.
Ils sont venus de tous les districts sanitaires de la région de Saint-Louis. Infirmiers, ICP et sages-femmes, responsables locaux de la région de Saint-Louis du Syndicat Démocratique des Travailleurs de la Santé et du secteur Social (SDT3S) ont tous tenu à assister à la rencontre avec leur secrétaire général Cheikh Seck. Une occasion que ce dernier, a saisi pour dénoncer jusqu’à la dernière énergie le manque de respect et de considération des autorités étatiques à l’encontre du corps paramédical. Sans gants, le syndicaliste en chef, a tiré à boulets rouges sur le régime du président Macky Sall qui ne fait rien pour améliorer leurs conditions d’existence et de travail.
« Depuis plus de vingt ans rien n’a bougé dans ce corps. Nous sommes les grands oubliés, les parents pauvres du système sanitaire. On ne se soucie de nous que quand on veut nous créer des problèmes, en sortant des arrêtés nous interdisant de prescrire ceci ou cela. Pourtant 70 à 80 % des populations viennent vers les infirmiers quand elles ont des difficultés de santé. Parce qu’elles ne peuvent pas accéder à un médecin ou l’avoir à leur disposition facilement.
Le plus gros travail des structures sanitaires repose sur les épaules des infirmiers et sages-femmes, mais en retour les autorités n’accordent aucun crédit à cette catégorie du personnel sanitaire. Dans les zones les plus reculées du pays, vous ne trouverez que rarement un médecin, mais il y a toujours un infirmier ou une sage-femme pour soulager les populations. Alors pourquoi, le personnel paramédical veut être saboté et détruit comme des vauriens du système » a martelé Cheikh Seck.
Les paramédicaux, les grands oubliés du régime Macky Sall
Le SG du Syndicat Démocratique des Travailleurs de la Santé et du Secteur Social de rappeler que « si des maladies qui faisaient des ravages surtout chez les enfants sont complètement maîtrisées et que les indicateurs sont au vert, c’est grâce à ce personnel qu’on veut reléguer au bas de l’échelle. Dans le cadre de la prise en charge, les agents n’ont reçu aucun avantage statutaire lié à leur fonction ou leur responsabilité. Leurs salaires et leurs carrières n’ont connu aucune évolution depuis l’arrivée du Président Sall.
Au même moment dans le secteur de santé d’autres travailleurs ont bénéficié des indemnités de responsabilité de plus de 250 mille, de spécialisation de 100 mille et une autre de 200 mille soit un total de 450 mille francs CFA d’indemnités pour une seul catégorie du personnel. On ne dit pas qu’ils ne le méritent pas, mais nous aussi, nous méritons quelque chose parce que nous avons une lourdeur excessive du travail et que les autorités ne doivent pas nous traiter comme des esclaves ou des animaux. Ce qui n’est pas du tout normal » a-t-il râlé.
Avant d’ajouter que ce personnel paramédical a un plan de carrière, certains d’entre eux ont obtenu leurs diplômes de grande valeur académique, même de 3e cycle. Pourtant depuis plus de 10 ans, des réformes en santé sont faites au niveau de la sous-région ouest-africaine et que le Sénégal a ratifié et signé en 2009. Malheureusement a expliqué Cheikh Seck, il tarde à reclasser le personnel sanitaire bénéficiaire de ces réformes. « Plus grave, un décret est sorti demandant à ces mêmes personnes de revenir faire encore deux ans pour pouvoir bénéficier de ce reclassement. Alors de qui se moque-t-on ? Qui a élaboré ce document ? Qui cherche à détruire le corps des infirmiers ? Aujourd’hui les agents sont démotivés et découragés. Maintenant, trop c’est trop et on va faire face » a tonné le syndicaliste.
Le SDT3S en grève les 13 et 14 Septembre prochain
Pour cheikh Seck, le combat prend date à Saint-Louis et s’étendra sur le territoire national. « Attendez-vous à ce que dans les jours à venir que les infirmiers et sages-femmes suivent à la lettre ce que disent les textes. C’est-à-dire ne consulter qu’en présence d’un médecin, ne pas prescrire d’ordonnance médicale et se limiter tout juste au pansement. Et on verra si les autorités pourront respecter cela. Il y a combien de postes de santé et de districts à couvrir, ils ne sont pas en mesure de respecter leurs textes. Il faut qu’ils soient plus sérieux dans leurs décisions » a déclaré le SG du SDT3S.
A l’en croire, le dernier recrutement montre clairement la place négligeable du personnel paramédical dans la politique sanitaire de l’Etat. « 300 médecins ont recruté pour 80 infirmiers d’état alors que la demande est 200% plus importante dans cette catégorie. Si on veut construire un immeuble, et que l’entreprise recrute 06 ingénieurs et 02 ouvriers, le bâtiment ne verra jamais jour. Malheureusement c’est ce qui se passe avec nos autorités sanitaires. On dirait une armée mexicaine, où tout le monde est général » a déploré Cheikh Seck. Raison pour laquelle, a annoncé le leader du Syndicat Démocratique des Travailleurs de la Santé et du secteur Social, qu’une grève de 48 heures sera observée les 13 et 14 septembre prochain sur le territoire national pour alerter et réclamer du respect pour leur corps de métier.
teranganews.sn (Adama SENE correspondant à Saint-Louis)