Nous avons constaté depuis un certain temps une surconsommation des médicaments par les populations pour diverses raisons. Nous sommes dans l’obligation de veiller et d’assurer le bon usage des médicaments par une analyse très minutieuse des ordonnances à délivrer.
Dans ce contexte, on peut se demander dans quelle mesure les interactions médicamenteuses peuvent‐elles être à l’origine d’hospitalisation ?
L’objectif étant d’évaluer le rôle des interactions médicamenteuses dans l’hospitalisation des sujets âgés et d’informer les professionnels de santé .
Il existe deux grands types d’interactions médicamenteuses : les interactions pharmacodynamiques et les interactions pharmacocinétiques.
PHARMACODYNAMIQUES :
- Association de deux agonistes (médicaments jouant sur les mêmes récepteurs)
- Association de deux antagonistes (ex : effets anticholinergiques)
- Association d’un agoniste et d’un antagoniste (ex : neuroleptiques et lévodopa)
PHARMACOCINETIQUES :
- Modification de l’absorption digestive par:
- Modification de la distribution
Modification de la métabolisation
- Modification sur l’élimination
Les médicaments à risque sont donc : les médicaments à marge thérapeutique étroite (Anti‐vitamines K : AVK, digitaliques, lithium, insuline…), les médicaments acides (AVK, sulfamides antibactériens et hypoglycémiants, phénytoïne, Anti‐inflammatoires non stéroïdiens : AINS…), les inducteurs et inhibiteurs enzymatiques.
De plus, il s’agit d’être vigilant avec les médicaments récemment mis sur le marché.
En effet, les essais thérapeutiques de phase III (précédant l’autorisation de mise sur le marché) incluent souvent des malades avec une seule pathologie, un seul médicament, excluant donc les personnes âgées.
Il faut également porter attention aux interactions avec les plantes, les médicaments non prescrits, ceux procurés par un tiers ou les médicaments anciens restant dans l’armoire à pharmacie.
Selon l’AFSSAPS, il existe quatre niveaux de contrainte pour qualifier une interaction :
- Contre‐indiquée : contre‐indication absolue, l’association entrainant des conséquences graves et fréquentes.
- Déconseillée : contre‐indication relative, l’association est à éviter sauf si l’on met en œuvre des mesures adaptées, dans certaines situations
- Précaution d’emploi : l’association est possible, en respectant les recommandations décrites
- A prendre en compte : l’association est possible, en déterminant le rapport bénéfice/risque pour le patient.
Différents éléments sont pris en compte pour élaborer le niveau de contrainte et la conduite à tenir pour une interaction : Nature du médicament et de la pathologie traitée, nature et gravité du risque, intensité de l’effet inhibiteur ou inducteur, possibilité de surveillance ou de prévention, existence d’alternative thérapeutique.
Toutes les voies d’administration des médicaments sont concernées par les interactions médicamenteuses :
- Voie cutanée (phénylbutazone et AVK)
- rectale (glucocorticoïdes et insuline)
- oculaire (Bétabloquants et floctafénine)
- respiratoire (béta 2 mimétiques et insuline)
- vaginale
Dr Moussa Diédhiou
Pharmacien