La gestion des urgences (Par Dr Boubacar Signaté)

Il nous faut réinitialiser notre aide médicale d’urgence (AMU) et procéder à une refonte totale de l’organisation et la gestion des catastrophes, et celle des situations sanitaires exceptionnelles.

Ceci pour deux bonnes raisons :

LA PREMIÈRE RAISON

  • Les deux décrets qui régissent notre aide médicale d’urgence sont obsolètes et de toutes les façons, ont été inopérants depuis leurs publications.

Le décret N° 2005 du 5 août 2005 relatif à l’assistance médicale d’urgence et aux transports sanitaires est dans un état comateux depuis sa publication dans le journal officiel N° 6242 du samedi 17 septembre 2005. Il devait permettre de définir par exemple par décret :

  • Les catégories de moyens à affecter aux transports sanitaires
  • Les catégories de personnels habilitées aux transports sanitaires
  • Les modalités d’autorisation administrative de transports sanitaires
  • Les tarifs des transports sanitaires

Ce qui aurait permis par exemple d’avoir un statut pour les ambulanciers et les auxiliaires ambulanciers, d’avoir une filière de formation pour ces catégories de personnels qui vont être habilitées à effectuer des transports sanitaires.

Le décret N° 2005-1270 du 29 décembre 2005 portant organisation du conseil national de l’assistance médicale d’urgence et des transports sanitaires est toujours inopérant.

Ce conseil n’a toujours pas vu le jour depuis la publication du décret de sa création dans le journal officiel N°6275 du samedi 22 avril 2006.

Ce conseil devait être composé de deux commissions.

Une commission chargée d’examiner les questions relatives aux activités médicales, qui aurait permis par exemple de définir une nomenclature des actes en médecine d’urgence. Cette nomenclature n’existe pas dans la nomenclature générale des actes médicaux. La médecine d’urgence n’y figurant pas.

La deuxième commission devait être chargée des transports sanitaires et de la délivrance de l’autorisation administrative des transports sanitaires.

LA DEUXIÈME RAISON

  • L’absence d’interconnexion entre les différentes structures intervenant dans la gestion des catastrophes, de l’aide médicale urgente et du secours à victime. Les trois situations étant très souvent intriquées. Cela permettrait de passer d’un appel à police secours sur le 17, au 18 des pompiers et aboutir à un appel en conférence avec le 1515 du SAMU, pour concourir à la réponse la plus adaptée pour des secours efficaces, que la demande soit sanitaire ou autre.
  • Passer d’une culture administrative de notre plan ORSEC (Organisation des secours) à un dispositif opérationnel, type Organisation de la réponse de sécurité civile (ORSeC). Nous doter d’un vrai service de sécurité civile et non celui actuellement tenu dans un bâtiment de 150 m2 sur deux niveaux. Ce qui permettrait d’avoir une organisation polyvalente à restreindre au niveau départemental, sous la responsabilité d’un préfet, pour gérer tous les événements touchant gravement les populations. Quelle qu’en soit l’origine.
  • A côté du dispositif ORSeC, il faut une organisation spécifique pour une réponse sanitaire qui devra gérer le volet sanitaire des catastrophes et les évènements sanitaires exceptionnels. Ce dispositif peut agir seul et isolement ou en interface avec le dispositif ORSeC. Il sera sous la direction du directeur du SAMU et avec comme pivot le médecin régulateur du SAMU dont le statut doit aussi être clairement défini, ainsi que ses prérogatives. On ne peut pas avoir un système de santé performant sans une médecine pré hospitalière de qualité. On ne peut pas gérer nos situations de catastrophe non plus sans les deux dispositifs que sont la réponse adéquate aux situations sanitaires exceptionnelles et l’organisation d’une réponse adéquate de protection et de sécurité civile.

Les grands discours ou les inaugurations en grande pompe de bâtiments en béton n’y changeront rien. Chaque cas de grands brûlés, chaque accident mortel de la circulation, chaque effondrement de bâtiment, chaque accident industriel et chaque période d’inondation nous rappellera notre faillite dans la protection de nos populations.

Dr Boubacar Signaté
Médecin urgentiste

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