L’agence de la CMU à travers son Système d’Information de Gestion Intégrée de la Couverture Maladie Universelle (SIGICMU) veut s’adapter à l’ère du numérique. Un système qui permettra d’optimiser le temps mais surtout de permettre aux sénégalais de bénéficier d’une meilleure prise en charge médicale avec le dossier patient informatisé. Le directeur du système d’information de l’agence de la couverture maladie universelle, M. Mohamed Mahi Sy, nous parle des objectifs, des avantages, des réalisations et des défis que compte relever ce grand projet qui entend révolutionner le système sanitaire sénégalais.
Vous pouvez également suivre la vidéo de l’interview sur le lien suivant: https://infomed.sn/entretien-avec-m-mouhamed-mahi-sy-de-lanacmu-video/
Infomed – Pouvez-vous nous présenter le SIGICMU ?
M. Mahi SY – Le SIGICMU (Système d’Information de Gestion Intégrée de la Couverture Maladie Universelle) est le dispositif qui va permettre d’informatiser la relation entre toutes les parties prenantes de la couverture maladie au Sénégal. Ce système est composé de six modules.

Le premier module appelé le Sibio est le système d’identification biométrique. Il a pour objectif de pouvoir identifier tous les bénéficiaires de la CMU. Le Sibio est aussi un dispositif qui permet d’équiper les services de santé puisque toutes les prestations s’effectuent au niveau de ces structures.
On a déployé à côté du système d’identification biométrique, un système de facturation qui va permettre de digitaliser le traitement des factures de la CMU.
Le système d’identification biométrique communique directement avec le système de facturation qui à son tour communique avec un troisième module appelé le système de gestion de l’assurance maladie (GESTAM).
A côté du GESTAM destiné aux assureurs, on a une application mobile sous le nom de « le SAMACMU ». Cette application mobile, destinée à tous les sénégalais, est le point de jonction entre le bénéficiaire, les structures de santé et son assureur.
En outre, nous avons une autre application, « le SUNUCMU », qui est une plateforme de collecte électronique des cotisations et du financement participatif de la CMU.

Enfin, le dernier module constitue l’entrepôt des données inter-régime qu’on appelle le « Data warehouse » de la CMU. C’est un dispositif qui nous permet de mettre en commun les bases de données de tous les bénéficiaires des différents régimes offrant une couverture maladie au Sénégal. Par ces différents régimes, je veux indiquer l’imputation budgétaire, les IPM (institution de prévoyance maladie) à travers l’ICAMO (institution de coordination de l’assurance maladie obligatoire), l’IPRES (institution de prévoyance retraite du Sénégal), les assureurs privés et enfin la CMU avec les mutuelles de santé communautaires.
Ces données mises en commun nous servent de référentiel permettant à l’Etat du Sénégal de disposer d’un puissant outil de ciblage et d’aide à la décision. Dans cet entrepôt de données, sont stockées toutes les prestations effectuées par les différents acteurs et envoyées aux régimes d’assurance maladie. Ces données au niveau macro agrégées nous donnent un puissant outil d’aide à la décision.
Voilà les six différents modules qui forment le SIGICMU.
« Au Sénégal, il y a plus de mille cinq cents postes de santé, soixante dix neuf districts sanitaire, trente-sept hôpitaux… »
Maintenant pourquoi le SIGICMU ?
Parce que jusque-là le programme fonctionnait manuellement. Imaginez qu’au Sénégal, il y a plus de 1500 postes de santé, 79 districts sanitaires et 37 hôpitaux qui envoient des rapports mensuels à la CMU.
Ces rapports sont de quatre ordres : il y a un rapport sur l’initiative de gratuité des soins pour les enfants âgés de moins de cinq ans parce que c’est l’agence de la CMU qui rembourse les prestations effectuées pour ces enfants. Il y a les gratuités de la césarienne, de la dialyse et aussi du plan sésame.
Ainsi ce sont c’est quatre rapports que nous recevons par mois et par structure de santé.
« L’informatisation permet de raccourcir les délais de traitement des factures »
Ce même volume arrive ici au niveau de l’agence pour qu’on le traite et très souvent l’acheminement de ces factures au service régional prend du temps. Parfois les districts prennent un an avant d’envoyer leurs rapports au service régional de la CMU. Après avoir fait le traitement, le service régional envoie au niveau national pour qu’on puisse faire les contrôles nécessaires et effectuer le règlement. Forcément, tous ces délais cumulés retardent les paiements destinés aux différentes structures de santé du pays.
Cette situation pose des problèmes de trésorerie à ces structures de santé. Donc les dettes de la CMU que vous entendez sont principalement dues au système de travail et de traitements des données qui a été mis en place. Par conséquent, l’informatisation permet déjà de raccourcir les délais de traitement des factures car ils se font maintenant en temps réel.

L’avantage c’est qu’avec la digitalisation, il y a beaucoup de traitements que l’on faisait, tels que le contrôle arithmétique et aussi le contrôle sur l’éligibilité des prestations qui nous ont été facturées entre autres, mais qui ne se font plus. Maintenant, c’est la machine qui s’en charge. Ainsi, ça facilite les traitements, améliore leurs performances et raccourcit les délais de traitement et de mise à disposition des ressources au niveau des structures de santé. Cela règle aujourd’hui le gros problème de paiements dans les relations entre la CMU et les structures de santé.
L’autre problème que la digitalisation règle c’est qu’en tant que structure acheteuse de soins, nous avons besoin d’avoir la garantie de l’effectivité des prestations qui nous sont facturées. C’est pour cela que le couplage avec le système d’identification biométrique nous permet de savoir que toutes les factures qui nous ont été envoyées sont réellement prestées parce que le système de facturation ne peut se déclencher que si la personne a été bel et bien identifiée.
L’autre avantage c’est pour les assureurs car l’assurance maladie gère les risques. En effet, sans informatisation du système, il est très difficile de savoir exactement combien on a encaissé et combien de charges pourront venir le mois prochain. L’informatisation nous permet également de savoir si ce qu’on a collecté comme cotisations pourra supporter les prestations de nos assurés.
« Avec la digitalisation, on introduit la portabilité des prestations et aussi les moyens de paiement électronique »
Avec l’informatisation, il y a une meilleure gestion des assurés. Il y a aussi la portabilité des prestations. Avant, l’assurance ne s’appliquait qu’à la localité de souscription mais maintenant une personne peut se souscrire dans une localité et être traitée dans une autre localité. Par exemple, maintenant, une personne peut s’inscrire en Casamance à Ziguinchor et être consultée dans une structure de santé à Saint-Louis. Ainsi, dans n’importe quel établissement de santé partenaire, l’assuré(e) est reconnu(e) et pris(e) en charge. Après avoir effectué les services, cet établissement de santé envoie la facture des prestations à l’assureur qui la payera.
« Avec la digitalisation, on introduit les moyens de paiement électronique »
Avec la digitalisation, les moyens de paiement électronique sont également utilisés. Ainsi, c’est l’occasion de parler de la plateforme qu’on appelle « SUNUCMU » qui permet non seulement le règlement des prestations mais également le règlement des cotisations.
Concrètement, le Sénégalais de la Diaspora peut à partir de l’Internet prendre en charge sa famille qui est restée au pays sans avoir à se déplacer.
Un autre avantage découlant de cette informatisation, c’est que la difficulté qu’on avait pour le ciblage des bénéficiaires au sein de la CMU va être définitivement réglée car les initiatives de gratuités sont destinées aux vulnérables et aux indigents. Cependant, il a été très souvent constaté qu’il y avait beaucoup d’abus au niveau des initiatives de gratuités. Alors, l’informatisation permet d’améliorer le ciblage des bénéficiaires de ces initiatives de gratuités.
Un autre avantage découlant de cette informatisation, c’est que la difficulté qu’on avait pour le ciblage des bénéficiaires au sein de la CMU va être définitivement réglée. Car les initiatives de gratuités sont destinées aux vulnérables et aux indigents. Mais très souvent on avait constaté qu’il y avait beaucoup d’abus au niveau des initiatives de gratuités. Et l’informatisation permet d’améliorer le ciblage des bénéficiaires de ces initiatives de gratuités.
« Le SIGICMU n’est pas juste un outil pour la CMU. C’est une plateforme nationale qui va permettre de renforcer et moderniser le système de santé. »
Maintenant c’est quoi vos objectifs ?
Le SIGICMU n’est pas juste un outil pour la CMU. C’est une plateforme nationale qui va permettre de renforcer et moderniser le système de santé au Sénégal.
Concrètement, dans le cadre du SIGICMU, on va équiper toutes les structures de santé et prendre en charge le matériel informatique car un de nos objectifs c’est d’interconnecter nos différentes structures de santé. Cela va poser les bases de la santé digitale et après mettre en œuvre le dossier patient qui rencontre beaucoup de problèmes car ne voyageant pas toujours avec le patient. Avec l’informatisation, le ministère de la santé pourra mettre en place le dossier patient informatisé et faire de sorte que les médecins, partout où le malade se présente, puissent accéder à son dossier médical c’est-à-dire qu’ils auront accès directement aux antécédents médicaux du patient. Ainsi, ils connaitront le groupe sanguin du malade et son historique de santé.

L’avantage c’est, par exemple, quand il y a un besoin aux services d’urgences, il suffit juste d’avoir le numéro de la carte d’identité nationale du patient pour accéder de façon sécurisée et directe à son dossier pour avoir toutes les informations nécessaires.
Le digital va permettre aujourd’hui de sauver des vies. Dans plusieurs pays du monde, c’est l’assurance maladie qui a porté la modernisation du système de santé. Les transformations digitales font partie de nos objectifs essentiels avec le SIGICMU qui sera la rampe de lancement de ces transformations digitales du système de santé au Sénégal.
« On a 1250 kits qui sont des tablettes, des lecteurs, de panneaux solaires, des modems 4G et aussi des batteries de secours power bank »
Comment est-ce que ce projet ambitieux est financé par rapport au développement des applications et de l’acquisition de matériels ?
On a deux volets : il y a une partie issue du budget de l’agence et il y a une grosse partie qui est issue de nos partenaires.
La banque mondiale a financé l’acquisition du matériel. On a 1250 kits qui sont des tablettes, des lecteurs, des panneaux solaires, des modems 4G et aussi des batteries de secours power bank, etc. En fait, c’est tout un kit que nous mettons à la disposition de chaque structure de santé pour la rendre autonome.
Une autre partie est financée par la coopération Japonaise et l’agence française de développement. L’Etat du Sénégal, à travers le budget national, nous a aussi accompagné dans ce projet.
Concernant le développement des applications, on est fier de dire que toute la partie applicative a été développée au Sénégal par des entreprises informatiques Sénégalaises. Cela s’est fait à travers des appels d’offres que nous avons lancés et qui nous ont permis de sélectionner des cabinets compétents localement. Ainsi, l’expertise sénégalaise est utilisée pour développer notre application.
Quant à la partie matérielle, c’est dans ce domaine, malheureusement, où le Sénégal n’a pas assez d’expertise surtout en ce qui concerne la biométrie pour laquelle un appel d’offre international était lancé.
C’est un cabinet américain, associé d’une société sénégalaise, qui était en tête de fil et qui nous a fourni les lecteurs biométriques ainsi que les lecteurs accompagnant les ordinateurs portables que nous déployons dans les structures de santé.
Qu’apporte ce système de digitalisation aux bénéficiaires de la CMU et autres usagers des services de santé ?
Pour résumer, c’est un meilleur accès aux soins. A travers l’informatisation, le bénéficiaire a une meilleure information. Il a aussi l’accès au service qui lui est facilité.

Pour l’application mobile SAMACMU, vous avez la possibilité d’entrer directement en contact avec tous les points de prestations santé au Sénégal. Parce qu’on les a tous cartographiés. On a créé une base de données de toutes ces structures de santé qu’on a mise sur l’application mobile et qu’on a géolocalisé. De là où vous êtes, vous pouvez rechercher rapidement une structure de santé et prendre rendez-vous, souscrire à n’importe quel assureur au Sénégal et vous avez l’information sur les tarifs. L’application mobile, au-delà de l’accès aux soins, va faciliter l’accès à l’information et va améliorer la qualité de service offert aux bénéficiaires.
Qu’est-ce que le SIGICMU apporte aux mutuelles de santé et autres structures de santé ?
Pour les mutuelles de santé, le premier défi, c’est celui de la professionnalisation. Ça permet aussi de les moderniser, d’améliorer leur gestion et leur trésorerie.
Pour les structures de santé, le SIGICMU apporte la visibilité au niveau de la facturation, les temps de traitement sont accélérés. Mieux, nous mettons à leur disposition un tableau de bord de suivi de l’état d’avancement de leur facture. Car à chaque fois que la structure de santé envoie une facture, elle entre dans ce qu’on appelle un ‘’work flow’’.
« Elle seule (la télémédecine) peut pallier l’absence de spécialistes en milieu rural »
Mais plus loin que ça, pour ces structures de santé-là, on va avoir la possibilité de déployer plus facilement les outils de télémédecine. Elle seule (la télémédecine) peut pallier l’absence de spécialistes en milieu rural. Elle permet d’aider sur le télédiagnostic. Ça aussi c’est une valeur ajoutée que nous apporterons aux structures de santé, ajouté au dossier patient qui va faciliter la prise en charge.
Est-ce que le système de santé Sénégalais est prêt à utiliser le SIGICMU ?
« Au-delà de la CMU, c’est tous les problèmes d’informatisation du système de santé qu’on est en train de régler. Même les problèmes liés à la DHIS2 sont réglés par le dispositif SIBIO.»
Le système Sénégalais utilise le SIGICMU. Là, on est en phase pilote. On a déjà déployé les régions de Dakar, Kaffrine et Fatick ainsi que les départements de Koumpentoum, Mbour et Mbacké. Les autres régions sont en train de nous mettre la pression pour qu’on aille installer leurs structures de santé. Car au-delà de la CMU, c’est tous les problèmes d’informatisation du système de santé qu’on est en train de régler. Même les problèmes liés à la DHIS2 sont réglés par le dispositif SIBIO.
« Le premier constat, c’est sur le terrain. C’est le déficit de connectivité internet. Tout le contraire de ce que les opérateurs affirment. »
Entre décembre et avril, nous avons formé des infirmiers chef de poste et des sages-femmes, et équipé 475 postes de santé. Nous allons faire de même pour tous les autres postes de santé du territoire national à partir du mois de juillet 2021 pour finir au mois de novembre pour que début 2022, la CMU soit à l’ère du digital.
A mi-chemin de la phase pilote, quelles sont les enseignements pour ne pas dire les résultats ?
Le premier constat, c’est sur le terrain. C’est le déficit de connectivité internet. Tout le contraire de ce que les opérateurs affirment. Des (infirmiers chefs de poste (ICP) nous ont dit qu’ils sont parfois obligés de faire 30 kilomètres pour avoir ne serait-ce que le réseau. D’autres sont obligés d’aller sur le toit ou accrocher le téléphone à la branche d’un arbre pour avoir la connexion. Il y en a qui nous ont dit qu’ils montent au-dessus d’un forage pour avoir le réseau. C’est la réalité de l’intérieur du Sénégal. Notre premier défit reste le challenge de la connectivité pour tous car elle est devenue un droit non négociable.
A l’issue de notre première mission de déploiement, tous les problèmes qu’on a constaté de connectivité, on a envoyé une correspondance au ministre de l’économie numérique, à travers notre tutelle, pour l’informer du gap de connectivité qu’il faut résorber à l’intérieur du pays. On a fait de même avec l’ARTP (agence de régulation des télécommunications et poste), les opérateurs télécoms et le Fonds de Développement du Service Universel des Télécoms (FDSUT).
L’autre difficulté est liée à l’accès à l’énergie, surtout en milieu insulaire.
On ne peut pas parler d’informatique sans accès à l’énergie. C’est pourquoi, dans les kits que nous offrons, il y a des mini panneaux solaires couplés de batteries ‘’power Bank’’ qui permettent de palier le déficit en énergie.

On a aussi constaté les contraintes de travail que certaines postes de santé ont en termes de saisie de données qu’elles font en fin de période. Car très souvent, on leur demande beaucoup de rapports à transmettre. Ce qui constitue une surcharge de travail alors que l’informatique n’est pas là pour surcharger la personne. Elle doit améliorer la productivité et la performance de cette dernière. C’est pourquoi dans la procédure, on a demandé que la saisie des données dans la DHIS2, ainsi que les factures destinées à la CMU soient informatisées et intégrées. Car c’est les mêmes informations.
On a également constaté au niveau de notre application qu’il y a des choses à adapter pour être en phase avec les ICP. Le plus gros volume de factures que nous recevons nous viennent d’eux. Ils sont au nombre de 1500 avec qui nous collaborons. Mais notre plus gros défis reste celui de l’acceptation. On a eu aussi des difficultés liées à la pandémie de Covid-19 qui ont fait que nos prévisions initiales de déploiement ont été retardées par le fait que, à un moment donné, on ne pouvait plus organiser d’activités.
« Dans les zones de foyers religieux, la connexion est toujours bonne comme Touba, Popenguine, alors que juste à côté comme Thiadiaye et Mbour, il y a des districts qui ont des problèmes d’internet. »
Avec les problèmes de connectivités et d’électrification, n’y aurait-il pas de décalage entre Dakar et les régions ?
Le décalage est énorme. Il y a une fracture numérique qui est là. C’est un constat entre le milieu urbain et le milieu rural. Dès qu’on s’éloigne des axes routiers allant vers l’intérieur du pays, on constate que l’internet n’est plus stable. On a constaté un déséquilibre, peut-être, socioculturel. Car dans les zones de foyers religieux, la connexion est toujours bonne comme Touba, Popenguine, alors que juste à côté comme Thiadiaye et Mbour, il y a des districts qui ont des problèmes d’internet.

Ce qui nous fait plus peur, c’est au niveau des axes frontaliers. Là-bas, c’est la catastrophe. Parce qu’on ne peut pas avoir le réseau de nos opérateurs. Très souvent, nous captons les réseaux des opérateurs étrangers qui dominent. Ce qui constitue un véritable problème. Je pense que les autorités doivent prendre des mesures adéquates pour régler ce problème. Car l’accès au débit doit être un droit pour tout le monde.
Nous concernant, par défaut, on a équipé tout le monde. On a donné à chacun un modem 4G et on s’engage à donner à chacun cinq gigas de connexion gratuite par mois pour la phase de déploiement, c’est-à-dire la première année. Donc nous prenons en charge l’énergie, la connectivité, l’équipement et nous formons, nous accompagnerons également chaque district en mettant à leur disposition un technicien pour tous les projets informatiques ainsi qu’au niveau des régions médicales.
« Au niveau des structures de santé, nous sommes acheteurs de soins, mais nous les aidons également. c’est pourquoi nous les avons équipées et modernisées. »
Quels sont vos rapports avec l’offre de soin et les autres acteurs de l’assurance maladie concernant ce projet ?
Ce sont nos partenaires. Nous sommes à leur service. Car nous considérons qu’on a bien travaillé lorsque ces acteurs là sont performants. Même si nous sommes assujettis pour les mutuelles de santé à un rôle de contrôle, puisque nous sommes chargés de leur bon fonctionnement. Le ‘’pooling’’ départemental est une option que l’agence a commencé à prendre en compte pour véritablement améliorer la prise en charge de l’assurance maladie. Au niveau des structures de santé, nous sommes acheteurs de soins, mais nous les aidons également. c’est pourquoi nous les avons équipées et modernisées.
Quels sont les défis liés à ce projet de digitalisation que pilote la CMU ?
Notre premier défi reste celui de l’acceptation par les structures de santé, les assureurs mais également par le grand public. C’est de les pousser à s’approprier ce projet. Car pour chaque structure, c’est une valeur d’un million trois cents que nous mettons à disposition. L’autre défi c’est celui de la performance. Les outils doivent être performants et évoluer à chaque fois que de besoin. La maintenance fait également parti des défis majeurs de même que l’innovation. Les solutions qu’on apporte doivent permettre à la population de savoir qu’on amène de la valeur ajoutée dans leur quotidien. Ainsi, nous collaborons avec la cellule santé digitale du ministère de la santé et de l’Action sociale (Msas) dirigée par docteur Dia pour une bonne marche du système sanitaire Sénégalais. Nous nous chargeons d’équiper les structures de santé, et lui pourra mettre en œuvre le dossier patient.
« Notre finalité, c’est que tous les Sénégalais aient une couverture sanitaire pour qu’ils puissent aller se soigner sans risque de dépenses catastrophiques. C’est ça l’universalité. »

Notre finalité, c’est que tous les Sénégalais aient une couverture sanitaire pour qu’ils puissent aller se soigner sans risque de dépenses catastrophiques. C’est ça l’universalité. On parle maintenant de couverture sanitaire universelle prenant ainsi le volet offre et demande.
Par ailleurs, il faut saluer la présence de la CDP (Commission de protection des données personnelles). Partant de là, aucune entreprise ne peut opérer sans l’avale de cette commission chargée de protéger les données personnelles. Nous précisons qu’il n’y a aucune société privée qui gère notre application. Elle développe et met à notre disposition. Elle forme nos équipes et ces dernières se chargent d’exploiter. Et, nous avons l’autorisation de la CDP.
Quant à la communication, il y a beaucoup d’efforts à faire à ce niveau pour sensibiliser les Sénégalais sur les enjeux qu’il y a aujourd’hui autour de la numérisation du système de santé, de la mise en place du système de santé digitale ; à commencer par les acteurs de santé, à fortiori le grand public. Ce qui constitue un gros challenge, un défi à relever.
Propos recueillis par Aïssata Sow (Infomed Magazine)