Le décès d’une dame survenu, hier, à Kédougou a provoqué l’indignation chez nombre de personnes. Face à une telle situation qui « amène des gens à s’en prendre aux médecins », le personnel médical de la région a tenu un point de presse pour apporter des précisions.
La grogne des uns et des autres et l’indignation dans les réseaux sociaux, après le décès survenu d’une parturiente dans le Centre de Santé de Kédougou, n’a pas laissé indiffèrent le personnel de santé de ladite région. Ils ont tenu un point de presse cet après-midi au cours duquel, Dr Fodé Danfakha Secrétaire Générale Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal (Sames zone Kédougou) par ailleurs médecin de district a apporté des éclairages sur cette affaire.
Au cours de ce point presse, Dr Danfakha a déploré les informations relayées par certaines presses « qui ont écrit des titres alors qu’elles ne disposent pas les informations nécessaires ».
C’est ainsi qu’il est revenu aux faits : « Nous avons reçu une patiente. En moins d’une heure et demie, elle a été référée pour une césarienne. Mais avant cela, elle a eu être consultée dans la structure pendant sept (7) mois par un gynécologue qui a fait une échographie, élaboré un plan de suivi pour une césarienne. Mais ensuite, le suivi s’est fait dans un poste de santé », informe Secrétaire Général de Sames Kédougou.
Il ajoute : « La patiente est reçue dans un tableau très avancé, pratiquement à une phase active. Après le bilan et tout ce qui devait être fait, en moins d’une heure et demie, elle a été amenée en bloc. Et de 15h à 19h, je pense que le gynécologue de même que l’anesthésiste et tous ceux qui étaient dans le bloc, ont fait l’impossible en communiquant avec le mari de la dame, parce que certains gestes ne pouvaient pas se faire sans l’aval de l’époux. Donc aujourd’hui, on ne peut pas dire que des gens ont exigé que la femme accouche par voie basse à la suite duquel tout cela est arrivé.»
Toujours dans l’envie de rétablir « la vérité », Fodé Danfakha renseigne qu’au moment où la dame partait au bloc pour subir une césarienne, le bébé n’était pas vivant. C’est ainsi qu’il révèle que les médecins dans l’exercice de leur métier font souvent face à des situations délicates. « Le plus important c’était la mère, parce que quand le gynécologue a fait l’examen et que la femme partait dans le bloc, l’enfant n’était pas vivant. Il n’y avait pas de bruit du cœur fœtal. Quand on partait au bloc c’était donc pour sauver la mère », fait-il savoir.
« Abus de pouvoir »
Dans cette affaire qui a conduit à la mise en garde à vue du gynécologue, de l’anesthésiste et de l’infirmier, Dr Danfakha souhaitait que les choses se passent autrement au lieu que la justice s’en mêle à la hâte. « Pour la justice, c’est un abus de pouvoir excessif. Nous acceptons que l’enquête soit en cours. Mais tout ce que nous demandons, c’est qu’on laisse ces personnes arrêtées continuer leur activité, jusqu’à ce que nous ayons un avis d’expert », soutient le secrétaire Général de Sames-Kégougou.
D’ailleurs, à cet effet, il pense que dans cette affaire, l’idéale aurait été de saisir l’Ordre des médecins qui va designer un expert ayant les compétences de venir faire une contre-expertise à Kédougou. « Si l’on était passé par cette procédure, et que la conclusion est faite dans ce cas contre nos collègues, nous allons l’accepter. Mais si nous nous laissons faire, demain ça peut être quelqu’un d’autre qui sera dans des conditions pareilles », fait Dr Danfakha.
Cette situation a cependant soulevé une inquiétude chez Fodé Danfakha. En fait, il craint qu’à la suite de cette affaire, que d’autres médecins opposent le refus de venir de servir dans la région de Kédougou. Et, d’une telle situation, à son avis, ce sont les populations qui vont en pâtir.
La réaction de l’ ASGO
Par ailleurs, cette afffaire à suscité la réaction l’Association Sénégalaise des Gynécologues-Obstétriciens (ASGO). Après avoir « exprimé toute sa compassion à l’endroit de la famille et des proches » de la défunte, le bureau du ASGO dénonce la situation dans laquelle se trouve leur collègue, le Dr Léonce Mbade FAYE.
« L’ensemble des gynécologues-obstétriciens du Sénégal renouvèle leur soutien à leur collègue qui officie à des milliers de kilomètres de Dakar dans des conditions de travail extrêmement difficiles. Nous témoignons de sa rigueur scientifique, de sa probité ainsi que de son dévouement. L’ASGO apportera une réplique adaptée à la situation suite au développement des prochaines heures », lit-on dans un communiqué qui nous est parvenu.
Ibrahima Minthe (Infomed Magazine)