Alors que le monde fait face à l’émergence de nouveaux variants du Coronavirus, la fabrication locale de vaccins COVID-19 en Afrique s’est intensifiée ces derniers mois sur le continent. Des pays comme le Sénégal, l’Égypte, le Maroc, le Rwanda, l’Algérie et l’Afrique du Sud ont soit signé des accords ou des protocoles d’accord pour la fabrication de vaccins COVID-19, soit commencé la production. La Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya et le Nigeria ont également exprimé leur intérêt pour la fabrication de vaccins. Ces pays espèrent à travers la production locale de vaccins, garantir leur souveraineté sanitaire tout en consolidant leur économie nationale.
En fin décembre, lors d’un point de presse, le Dr John Nkengasong, directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies a déclaré : « la prochaine pandémie … la façon dont nous la combattons sur le continent sera très différente de la façon dont nous avons combattu cette pandémie ». « D’ici la fin de l’année 2022, nous commencerons à voir un changement dans la disponibilité des vaccins sur le continent, non seulement pour les vaccins produits sur le continent, mais aussi pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des vaccins sur le continent » a t’il ajouté.
Actuellement, une seule poignée de pays sur le continent a d’ores et déjà produit des doses sur le territoire. D’autres, ambitionnent de s’y atteler a court terme. C’est le cas du Rwanda et du Sénégal qui ont signé un accord avec BioNtech, la société produisant un vaccin à ARNm COVID-19 avec Pfizer, pour créer des installations de fabrication de vaccins à ARNm sous licence. La société a déclaré que la construction commencerait au milieu de l’année 2022. D’après les prévisions, l’unité de production produira jusqu’à 50 millions de doses de vaccins COVID-19 par an pour les distribuer sur le continent. Le laboratoire de recherche l’Institut Pasteur de Dakar envisage aussi d’héberger un centre de fabrication régionale au Sénégal.
L’Egypte quand à lui produit déjà son propre vaccin COVID-19, nommé « COVI VAX », grâce à sa collaboration avec l’entreprise chinoise Sinovac. Le pays a produit des millions de doses qui ont largement servi les besoins nationaux. A côté de l’Egypte, le laboratoire pharmaceutique SOTHEMA, 100% marocain, spécialisé dans la fabrication et la commercialisation des médicaments, produit des vaccins Sinopharm, qui, selon la société seront sur le marché très bientôt, pour répondre à la fois à la demande intérieure et à l’exportation à travers le continent. Il devrait produire 5 millions doses par mois. L’Algérie a commencé a produire des doses de vaccin Sinovac.
Le groupe pharmaceutique Moderna, l’un des fabricants les plus en connus de vaccins à ARNm contre la Covid-19, a également annoncé son projet d’installer une unité de production en Afrique mais le choix du pays n’a pas encore était pris.
En Afrique du Sud, l’institut Biovac devrait aussi commencer la fabrication partielle du vaccin Pfizer COVID-19. La structure pharmaceutique va distribuer ses vaccins au sein de l’Union Africaine. A pleine capacité opérationnelle, elle devrait produire plus de 100 millions de doses par an. Le mois dernier, le pays a signalé avoir partiellement produit 120 millions de doses du vaccin Johnson & Johnson COVID-19 grâce au groupe Aspen Pharmacare.
Selon le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « l’agence sanitaire des Nations Unies reste déterminée à travailler avec l’Union Africaine (UA) et ses Etats membres, pour soutenir le développement des capacités nationales de fabrication de vaccins, dans le cadre des efforts communs pour construire un environnement plus sain, un avenir plus sûr et plus juste pour l’Afrique ». « Avant même la pandémie, nous savions que le renforcement de la production locale en Afrique serait un élément essentiel du cheminement de notre continent vers la couverture sanitaire universelle » a t’il déclaré lors d’une réunion des parties prenantes sur la fabrication de vaccins en décembre.
Amadou Makhtar GUEYE