Le faible nombre de tests effectués sur le continent africain est en corrélation directe avec le nombre de contaminations au Covid-19 détectés comparativement aux autres continents. Si l’ampleur exacte de l’infection est sous-estimée selon l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), son taux de mortalité demeure modérée en raison du caractère juvénile de sa population peu ou prou à risques de développer des formes graves de la maladie.
Officiellement, 8,4 millions de personnes ont été contaminées par le SARS-CoV-2 (agent pathogène du coronavirus) en Afrique, qui a fait 214.000 morts. Des chiffres qui restent sans commune mesure avec la catastrophe qui était pressentie par certains analystes à l’entame de la crise sanitaire. Avec une population de 1,37 milliard d’habitants, le continent semble largement épargné quand on compare les chiffres avec ceux enregistrés pour l’Europe qui comptabilise 62 millions de cas pour une population de 747 millions. Pour autant, « ce que nous voyons pourrait donc n’être que la pointe de l’iceberg » s’est alarmé la semaine dernière la directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique, Matshidiso Moeti. Elle estime qu’environ 59 millions d’Africains ont été infectés par le coronavirus plutôt que les 8 millions officiellement enregistrés : « La majorité des tests de dépistage sont effectués sur des personnes qui présentent des symptômes de la COVID-19, mais les sujets asymptomatiques sont à l’origine d’une grande partie de la transmission de la maladie .»
Sur 1,3 milliard d’habitants qui peuplent l’Afrique, environ 5 % ont été adéquatement vaccinés, selon les données du site Our World in Data, piloté par l’Université d’Oxford. L’Oms en conclut que six cas sur sept (soit seulement 14,2 % de la population infectée par le virus) passeraient ainsi sous les radars des autorités sanitaires. Pour prévenir d’éventuelles flambées de cas, elle a annoncé une nouvelle initiative pour établir des dépistages communautaires dans huit pays : au Burundi, au Congo, en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau, au Mozambique, en République démocratique du Congo, au Sénégal et en Zambie. Le programme vise à accroître de 40 % la capacité de dépistage dans chaque pays participant : « Plus de tests signifie un isolement rapide, moins de transmission et plus de vies sauvées grâce à une action ciblée .» L’objectif à terme est d’atteindre le seuil recommandé par l’Oms, soit 10 tests pour 10.000 habitants.
Les responsables de l’Oms espèrent pouvoir mettre en œuvre ces tests de dépistage rapide avant la fin de l’année, puisque « comme nous l’avons vu l’an dernier, l’intensité des voyages et des rassemblements en décembre mène à une recrudescence des cas ». Toutefois, sous-estimation ne rime pas forcément avec surmortalité puisque l’agence onusienne indique qu’« entre 65 et 85 % des infections à la Covid-19 en Afrique génèrent peu ou pas de symptômes ». Par conséquent, la mortalité en Afrique reste officiellement sans commune mesure avec un territoire comme la Russie qui à elle seule comptabilise plus de décès que l’ensemble de notre continent. La principale raison réside selon l’Oms dans le fait que la population africaine étant plutôt jeune, elle est donc moins à risque de développer des formes graves de coronavirus SARS-CoV-2.
Bastien DAVID