L’Etat situé à l’extrémité australe du continent africain pâtit déjà de sa politique de transparence après l’annonce de la découverte sur son sol d’un nouveau variant du SARS-CoV-2, baptisé par l’OMS, Omicron. L’onde de choc provoquée a conduit en quelques jours à une mise à l’isolement forcée par la suspension de dizaines de vols internationaux à destination de l’Afrique du Sud. Son président, Cyril Ramaphosa, a fustigé hier dans un discours à la nation une discrimination injuste à l’endroit d’un pays dont les chercheurs ont fait preuve de célérité dans la détection des variants du SARS-CoV-2.
Dans un communiqué daté de ce samedi 27 novembre, le département sud-africain des relations internationales déplorait déjà le fait qu’interdire les vols en provenance et à destination de l’Afrique du Sud revient « à la punir pour son séquençage génomique avancé et sa capacité à détecter les nouveaux variants plus rapidement. L’excellence scientifique devrait être applaudie, et non punie ».
Hier, dimanche, Cyril Ramaphosa a clairement indiqué sa désapprobation de la décision de plus d’une quinzaine d’Etats de suspendre les vols en provenance de la région ou d’interdire l’entrée de leur territoire aux voyageurs qui en viendraient : « Ces restrictions sont injustifiées et discriminent injustement notre pays ainsi que nos nations sœurs en Afrique australe. L’interdiction de voyager n’est pas fondée scientifiquement et ne permettra pas d’éviter la propagation de ce variant. La seule conséquence est d’abîmer plus encore l’économie des pays affectés et de miner leur capacité à faire face à la pandémie.»
Le chef de l’Etat sud-africain a par ailleurs dénoncé « une entorse claire » aux engagements du G20, qui s’était promis, fin octobre, de stimuler la reprise des déplacements internationaux et de soutenir le secteur touristique, « en particulier dans les pays en développement ».
Dans un pays où seule 35 % de la population est entièrement vaccinée Cyril Ramaphosa a rappelé que l’émergence du variant Omicron constituait un avertissement : « Au lieu d’interdire les déplacements, les pays riches à travers le monde doivent soutenir les efforts des économies en développement visant à accéder et à fabriquer assez de doses pour leur population sans délai. » Le gouvernement envisage d’ailleurs de rendre la vaccination obligatoire sous certaines conditions.
Bastien DAVID