Le Sénégal a préféré vacciner ses politiciens au détriment de son personnel de santé; ce pays exceptionnel qui n’a, pour le moment, que 200.000 doses pour 17 millions d’habitants menace de les offrir à ses voisins africains.
La campagne de vaccination contre la Covid-19 a été officiellement lancée le mardi 23 février 2021 par le ministre de la santé, monsieur Abdoulaye Diouf Sarr. Depuis lors, les réseaux sociaux et médias classiques sont inondés d’images de personnes qui exhibent fièrement la prise de leur première dose de vaccin anti-Covid. Parmi cette pléthore de personnes, on retrouve tous les profils. Pour la plupart, il est difficile de les ranger parmi les personnes ciblées prioritairement dans la stratégie de riposte vaccinale élaborée par le ministère de la santé. Vraisemblablement ce sont des privilégiés qui sont en train de prendre la dose à la place des personnes prioritaires. Parmi eux, on peut noter des politiciens et des fonctionnaires de l’administration centrale et territoriale.
En effet, si c’est la pédagogie de l’exemple qui est visée, dans chaque collectivité territoriale il aurait suffi qu’on se limite à vacciner l’autorité sanitaire (Médecin-Chef, Infirmier-Chef, Sage-femme-Cheffe, etc) qui fait partie déjà de la cible prioritaire et un volontaire dans la cible communautaire (imam, bajanu gox, délégué de quartier, chef de village, maire, etc).
Ce qui est est déplorable, c’est au même moment que ce détournement d’objectif est opéré, des médecins en spécialisation (D.E.S.) et étudiants en médecine sont exclus arbitrairement de cette cible prioritaire. Des hôpitaux refusent le vaccin à ce personnel de première ligne. Ainsi, cette injustice est venue s’ajouter au supplice que ces agents vivent déjà avec l’absence d’une prise en charge médicale pour eux et leurs familles et l’inexistence d’un statut les réagissant.
Comme si cela ne suffisait pas, le Président Macky en a rajouté une couche le jeudi quand il se faisait vacciner. En effet, il s’est illustré maladroitement en menaçant d’offrir les vaccins à d’autres pays africains au cas où les sénégalais n’accepteraient pas de les prendre. Ce qui risque d’annihiler les efforts consentis par les professionnels de santé pour persuader les populations à se faire vacciner. Nul besoin d’être un expert pour se rendre compte que cette pandémie avait finit d’emporter le peu de crédibilité qui restait aux hommes politiques à travers le monde entier. Ce qui devait les amener à prendre un peu de recul. Que neni !
Le Président SALL ne doit pas ignorer qu’en matière de soins la seule stratégie qui vaille, est la démarche de persuasion. Ce qui pose la question du consentement au soins qui doit être libre (sans contrainte, menace, chantage, etc.) et éclairé (après avoir obtenu une information claire, loyale et appropriée). Le constat est que les sénégalais y compris les personnels de santé ne sont pas encore suffisamment informés de ces vaccins et de la campagne de vaccination. Au vu des affres causées par cette maladie, il est compréhensible que les choses soient accélérées. Toutefois, il faudra continuer la campagne d’information et de sensibilisation.
Le ministre de la santé et ses collaborateurs doivent prendre les dispositions idoines pour mettre un terme à ces fausses notes enregistrées dans le démarrage de la campagne de vaccination. Sans cela, le Sénégal risque d’engloutir des centaines de milliards dans l’approvisionnement en vaccins et de ne pas atteindre les objectifs fixés. Comme tout acte de soin, la vaccination doit se faire dans la plus grande transparence avec éthique et responsabilité.