Avec l’arrivée du nouveau ministre de la Santé et de l’Action sociale, plusieurs mesures ont été annoncées pour réformer la santé au Sénégal. Interrogé sur cette annonce, Mballo Dia Thiam Sg du Sutsas (Syndicat unique des travailleurs de la Santé et de l’Action sociale), a préféré faire l’état des lieux dudit secteur pour lister les urgences. C’était dans le cadre d’un entretien accordé à Vox Populi.«Le secteur de la santé est à l’agonie. Il faut avoir le courage de le dire. Nos combats tournaient sur une médecine préventive, car on savait que les ressources financières n’étaient pas disponibles. L’ancien régime, il faut le dire, a fait des réalisations dans le secteur. C’est le seul, d’ailleurs, depuis les indépendances qui en a fait autant dans la construction des hôpitaux et le relèvement du plateau médical», a-t-il annoncé.
Mais, souligne-t-il, il y a un hic, dans ces hôpitaux de dernière génération. «Les spécialistes qui doivent y travailler pour un bon fonctionnement et un service de qualité ne sont pas disponibles. Pour un simple examen ou scanner, il faut faire des pieds et des mains. Il faut des semaines pour décrocher une consultation. Et cela peut être fatal pour un patient. Il y a une raréfaction de spécialistes dans le secteur de la santé. Osons le dire !».C’est le cas, selon lui, «par exemple, à l’hôpital de Louga, avec des appareils sophistiqués, il n’y a pas de radiologue. C’est celui de Saint-Louis qui fait la rotation. Lors de l’accident qui a coûté la vie à plusieurs personnes, la situation était ingérable. Les malades étaient transférés à Saint-Louis, juste pour faire une radio ou un scanner», déplore-t-il. «On n’a pas assez de radiologues, ni d’anesthésistes».
A l’en croire, l’année dernière, le ministre de la Santé, dans le cadre de ses activités avait organisé un concours pour des spécialités. Seulement, dit-il, «les jeunes quand ils sont venus pour passer le concours, il y a eu des problèmes. On a constaté plusieurs irrégularités». Cependant, il dénonce le fait que concours a été annulé.«C’est injuste d’annuler ces concours car les élèves n’étaient pas en position de stage. Pourtant, ils l’avaient réussi et on étudiait une année entière avant la prise de cette décision. En son temps, on avait fait la remarque au ministre de la Santé. Car, il y a un manque de sérieux et de volonté à former des spécialistes au Sénégal», a indiqué Mballo Dia Thiam.
Selon lui, «il faut trouver des alternatives pour régler cette situation. Il faut des techniciens à défaut d’avoir des médecins spécialistes. C’est une question urgente dont le nouveau ministre de la Santé doit faire face», a-t-il précisé.En ce qui concerne le profil du nouveau Ministre de la santé, il déclare : «nous en tant que syndicat nous sommes très attentifs aux besoins des populations en matière de santé. Maintenant nous sommes en face d’un nouveau régime avec un Ministre qui ne fait pas partie de la corporation. Il n’y aucune différence. Il faut le dire, ce n’est pas cela qui est important. »
« Mais le management du Ministère de tutelle, c’est le profil qui est plus important. Il faut gérer la santé des populations. La santé précède la médecine et inclue la médecine. On a connu de très bons ministres de la santé», a soutenu Mballo Dia Thiam.A l’en croire les meilleurs ministres qui ont marqué le secteur n’étaient pas de la corporation. «Il y a eu Assane Diop qui était professeur de portugais. Il a fait des résultats. Je peux aussi citer Ousmane Ngom, Issa Mbaye Samb qui est pharmacien, Eva Marie Colle Seck. Les personnes ne nous intéressent pas, mais nous ne voulons pas une médicalisation du secteur. On a beaucoup de considération pour les médecins mais ils ne doivent pas occuper des fonctions de gestion établissement de santé publique», a déclaré Mballo Dia Thiam Secrétaire général du syndicat And Gueusseum.
infomed.sn avec Vox Populi