Dans le vacarme ambiant, verser dans la polémique est assimilable à entrer dans un dialogue de sourds d’où ma posture, par soucis d’être audible, de laisser passer l’orage afin de gagner des oreilles attentives dans une ambiance moins émotive et plus confraternelle avec suffisamment de recul pour une analyse froide et lucide.
Le combat pour l’insertion des jeunes pharmaciens ne date pas d’aujourd’hui, déjà dans mon discours de fin de promotion en 2004, j’exhortais les autorités à mener une réflexion sérieuse dans ce sens en impliquant tous les acteurs concernés pour une solution pérenne. Parmi les pistes proposées figuraient en son temps le développement de l’industrie pharmaceutique ainsi que la diversification des débouchés après les études pharmaceutiques. En effet notre diplôme, est un diplôme poly scientifique capable d’ouvrir beaucoup d’autres perspectives.
Cette allocution ne fût malheureusement pas la dernière comme elle n’était pas non plus la première en son genre et est devenue une revendication légitime. Ceci explique la transcendance à travers les générations des associations de jeunes pharmaciens. Toujours dépoussiérée par les jeunes demandeurs d’emploi et léguée à la génération suivante dès leurs insertions.
Cependant, jamais de mémoire de pharmacien cette virulence actuelle n’a été observée de la part de jeunes fraîchement sortis, qui à les écouter et les entendre donne l’impression de se tromper de cible. Ni leurs aînés ni l’ordre ne constituent la cause du chômage. En outre, pour la forme, une cause légitime mal défendue laisse rarement des perspectives heureuses.
Pour en venir aux propos du président de l’ordre, que chacun regarde son diplôme il y verra bien mentionné Docteur en pharmacie et non pharmacien, l’appellation pharmacien n’apparaît que sur l’arrêté ministériel autorisant à exercer son art sous le format : untel, docteur en pharmacie est autorisé à exercer la pharmacie en tant que pharmacien… (Voir images)
Le Sénégal n’est pas un cas isolé, un petit tour sur le site de l’ordre des pharmaciens en France, édifie sur les conditions pour être pharmacien : être titulaire d’un diplôme de doctorat en pharmacie; avoir la nationalité française; être inscrit à l’ordre des pharmaciens.
Dans le même sillage, je me rappelle une série de publicité de l’enseigne LECLERC pour impliquer l’opinion publique française dans sa lutte pour vendre des médicaments alors qu’il avait déjà recruté des professionnels, elle s’était toujours gardée de nommer ses employés pharmaciens. On pouvait lire : « Leclerc demande que ses docteurs en pharmacie aient le droit de vendre des médicaments à prix Leclerc »
Le diplôme s’acquiert par des études tandis que la profession se pratique. Pour dire que les diplômés ne seront pharmaciens que s’ils pratiquent leur art d’où la reconnaissance et le respect dévolu à leurs formateurs. L’ambition ne doit pas être une excuse pour se laisser aspirer dans le spectre de l’effet Dunning – Kruger.
En plus, se torturer sur la sémantique entre Docteur en pharmacie ou pharmacien n’a aucune influence sur le quotidien du demandeur d’emploi alors point besoin de lyncher dans les réseaux sociaux un pharmacien qui travaille bénévolement à veiller à l’exercice correct de la profession pour le bénéfice de la population. En réalité l’ordre n’a pas pour vocation de défendre les pharmaciens mais la santé publique son « objet principal est d’assurer la défense de l’indépendance de la profession pharmaceutique ainsi que le respect des devoirs professionnels qui s’imposent aux pharmaciens. (Loi n° 73-62 du 19 décembre 1973)
Dr Mor Diagne
Pharmacien
diagnemor@gmail.com