Au Sénégal comme partout dans le monde, le diabète ne cesse de progresser. Comme dans la majorité des pays africains, il n’existe pas de collecte de données de routine. Toutefois une étude l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur l’ensemble de la population lié au COVID couvrant 13 pays d’Afrique a révèle que les décès des personnes diabétiques en période de pandémie représentent 10,2% contre 2,5% pour l’ensemble des patients non diabétiques décédés.
Le taux de mortalité lié aux infections par la COVID en Afrique est donc nettement plus élevé chez les personnes diabétiques. C’est dire que les personnes atteintes de diabète de type 1 et de type 2 courent trois plus de risque de mourir de la COVID-19 que les personnes non diabétiques. Au Sénégal, la première enquête conduite en 2015 a révélé que 3,4 % de la population âgée de 18 à 69 ans était diabétique. Cette prévalence est passée à 7,9 % chez les plus de 45 ans. Les statistiques hospitalières notamment celles du Centre national de lutte contre le diabète, le Centre Marc Sankalé, confirme cette progression.
La pandémie à COVID-19 est venue assombrir le tableau. Les statistiques montrent que le diabète et l’hypertension artérielle sont les comorbidités les plus fréquemment associé au décès chez les patients hospitalisés pour COVID-19. De nombreuses perturbations ont également été observées dans les services de maladies non transmissibles (MNT), de diabétologie en particulier.
La moitié des lits d’hospitalisation ont été alloués au cas COVID. Une bonne partie du personnel a été affecté dans les Centres de traitement des épidémies (CTE). Des activités jugées non urgentes, tels que le dépistage systématique, les complications chroniques du diabète, ont été reportés. Les rendez-vous de contrôle ont été différés pour les mêmes raisons mais aussi par phobie des structures sanitaires.
Dans les années 1980 on enregistrait en moyenne 200 nouveaux cas par an. En 2005 le recensement annuel est passé à près de 2500 nouveaux cas soit une augmentation de près de 10 fois. Actuellement, près de 60 000 diabétiques qui proviennent de toutes les régions du Sénégal et même des pays de la sous-région sont suivis dans le Centre national Marc Sankalé, indique Maimouna Ndour Mbaye, directrice du Centre.
Entre 2018 et 2019, le nombre de consultation a augmenté de plus de 20 %. En 2020, une baisse importante du nombre de consultation du probablement liée à la pandémie à COVID-19 a été constatée. Avec cette progression galopante, le Centre Marc Sankalé a largement dépassé sa capacité d’accueil. Et ceci retenti sur la qualité de la prise en charge des patients qui ne bénéficie plus que 2 consultations par an au lieu d’une consultation tous les 3 mois telle que recommandé, a-t-elle révélé.
A l’échelle nationale, malgré les efforts consentis pour décentraliser les soins et former les professionnelles de santé, les ressources humaines restent encore insuffisantes de même que les infrastructures, y compris les laboratoires nécessaires à la prise en charge correcte de la maladie. Par ailleurs, le Sénégal comme la plupart des pays africains ne dispose pas encore d’un programme national de lutte contre le diabète.
Certes, il existe une division de lutte contre les maladies non transmissible (MNT) au sein de la direction de la lutte contre la maladie au ministère de la Santé, des normes et protocoles ont été élaborés pour améliorer la prise en charge mais toujours dans le cadre de projet financé par les bailleurs extérieurs. Il n’y pas de financement étatique.
Pour faire face à tous ces défis et cela même avant la pandémie à COVID-19, le Sénégal est le premier pays d’Afrique francophone à appliquer le programme mondial BE HEALTHY BE MOBILE pour améliorer la prise ne charge du diabète. Il s’agit du projet qui consiste à utiliser le téléphone mobile pour véhiculer de simple message de prévention de diabète à la population.
En 2014 la plateforme m-DIABETE a envoyé des millions de messages de prévention contre l’épidémie d’Ebola et elle a aussi servi contre la présente épidémie à COVID. D’autres projets de télésanté sont en cours comme la consultation à distance pour certains patients depuis le début de la pandémie, télé dépistage, E-learning pour les professionnels de santé, etc.
Amadou Makhtar GUÈYE