Lors du congrès international de rhumatologie qui a rassemblé des sommités du domaine médical, spécifiquement des spécialistes de la rhumatologie. Cet événement accueille des experts réputés venant d’Afrique ainsi que d’autres continents. L’objectif principal de ce rassemblement est de faire le point sur des thèmes préalablement choisis, dont le plus important est la « génétique en rhumatologie ». Le Professeur titulaire de chaire, Saïdou Diallo, récemment élu président de la Société africaine de rhumatologie lors d’un congrès à Lomé, a accordé une interview au journal « Le Soleil ». Dans cet entretien, il revient sur les particularités des maladies rhumatismales ainsi que sur la formation des médecins spécialistes.
Le terme « rhumatisme » est une dénomination générale qui regroupe un ensemble d’affections diverses touchant principalement l’appareil locomoteur, notamment les articulations et les structures péri-articulaires. Le professeur Diallo a tenu à rappeler l’historique de cette discipline au sein de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), soulignant la création de la chaire de rhumatologie et, plus récemment, l’instauration du Diplôme d’études spécialisées (DES). Selon lui, « les maladies rhumatismales représentent un paradoxe dans notre pays ». Il explique que ces pathologies sont parmi les plus anciennes observées au sein des populations locales. En outre, la culture populaire les qualifie de « Siti » ou « Topam Siti », et elles constituent, d’après lui, « le premier problème de santé publique ».
Malgré leur prévalence, la formation de rhumatologues au Sénégal n’a débuté qu’à partir des années 1990. Ce n’est qu’en 2010 qu’un premier service hospitalier de rhumatologie a vu le jour à l’hôpital Aristide Le Dantec. Deux ans plus tard, en 2012, la première chaire de rhumatologie a été mise en place à l’UCAD, grâce à l’engagement du Pr Diallo et au soutien de ses collègues et des autorités administratives. Peu après, le DES en rhumatologie a été institué. Depuis, plus d’une centaine de spécialistes ont été formés, issus non seulement du Sénégal, mais aussi de divers pays d’Afrique, notamment la Mauritanie, le Maroc, Djibouti, le Rwanda, le Congo, le Mali, le Bénin, le Gabon, le Cameroun, le Niger et le Tchad.
L’équipe du professeur Diallo s’est également investie dans la formation des médecins généralistes à travers différentes institutions universitaires. En parallèle, elle a réalisé plus de 500 travaux scientifiques, certains ayant mis en lumière des pathologies rhumatismales précédemment non décrites, notamment en Afrique subsaharienne.
En ce qui concerne la recherche, des avancées notables ont été enregistrées. L’équipe du Pr Diallo a rapporté les premiers cas africains noirs touchés par certaines formes rares de rhumatismes infectieux, notamment le DILS (complication liée à l’infection par le VIH) et le rhumatisme post-tuberculeux de Poncet. De plus, plusieurs affections systémiques ont été documentées, parmi lesquelles la maladie de Still, le syndrome d’activation lymphohistiocytaire, ainsi que des formes familiales de pathologies systémiques comme la polyarthrite rhumatoïde, le syndrome de Gougerot-Sjögren, le lupus systémique, les myopathies inflammatoires idiopathiques, la goutte, les spondyloarthrites et les exostoses. Cette liste n’est toutefois pas exhaustive.
Concernant la prise en charge des maladies rhumatismales, elle demeure entravée par plusieurs facteurs, notamment le manque de spécialistes et l’insuffisance du plateau technique. Le professeur Diallo souligne que ces contraintes s’inscrivent dans un cadre plus large, mais qu’elles se posent de manière encore plus aiguë en rhumatologie, où le diagnostic est souvent complexe et requiert des examens sophistiqués.
Interrogé sur l’évolution de la spécialisation des médecins, le Pr Diallo affirme que la rhumatologie est à la pointe des connaissances et des innovations. Cette discipline couvre aujourd’hui plusieurs domaines avancés tels que l’immuno-rhumatologie, la rhumato-pédiatrie, la rhumato-gériatrie, la gestion de la douleur et les nouvelles approches thérapeutiques. Cette expertise accrue fait de la rhumatologie une spécialité très demandée.
Au Sénégal, la prise en charge des affections rhumatismales est particulièrement affectée par le nombre limité de spécialistes dans les structures sanitaires. En conséquence, de nombreux patients consultent des praticiens généralistes ou d’autres professionnels de santé non spécialisés. Or, un avis rhumatologique est souvent indispensable pour poser un diagnostic précis, qui repose sur un examen clinique approfondi et des tests complémentaires variés (biologiques, radiologiques, immunologiques, etc.).
Les maladies rhumatismales se divisent en deux grandes catégories :
- Les rhumatismes dégénératifs, parmi lesquels on retrouve l’arthrose, l’ostéoporose, la tendinose ou encore la hernie discale. Ces affections sont les plus fréquentes.
- Les rhumatismes inflammatoires, qui incluent des infections, des maladies auto-immunes et certaines pathologies tumorales.
Au niveau mondial, les maladies rhumatismales constituent le deuxième problème de santé publique après les troubles mentaux, en raison de leur impact socio-économique et de leur morbidité élevée. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait même dédié la décennie 2000-2010 à la sensibilisation sur ces affections.
Contrairement à une idée reçue, les rhumatismes ne concernent pas uniquement les personnes âgées. Certes, le vieillissement favorise les formes dégénératives, mais certaines formes, telles que l’arthrose d’origine métabolique ou micro-traumatique, touchent également les jeunes. Quant aux rhumatismes inflammatoires, ils peuvent survenir à tout âge. Enfin, les femmes sont particulièrement vulnérables aux douleurs rhumatismales, qui sont plus fréquentes, plus chroniques et souvent plus sévères chez elles, probablement en raison de facteurs biologiques spécifiques.
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