J’avais décidé de mettre du « Bissap » dans mon vin pour un bout de temps par rapport aux problèmes qui gangrènent notre profession mais face à la sortie malhonnête et fallacieuse du président de l’Ordre des « pharmaciens exerçant », je dis bien exerçant, je ne pouvais vraiment pas rester mutique.
A vous entendre parler M. le président, cet Ordre pour ne pas dire « désordre » est juste là pour les pharmaciens qui exercent donc la profession ne tient pas en compte les chômeurs, particulièrement les jeunes.
M. le président, force est de reconnaître que comparaison n’est pas raison. Vous dites que « n’est pas magistrat ou avocat tout diplômé de la faculté de droit donc n’est pas pharmacien tout diplômé du département de pharmacie ». Dois-je vous rappeler M. le président, que la pharmacie est une profession libérale, au cas où vous l’avez oublié. Il n’y a pas dans ce pays une profession dont on t’exige un contrat de travail avant de t’inscrire à l’Ordre. Nous le connaissons tous, les pharmacies qui délivrent des contrats à leurs assistants ne font même pas 10% donc ne nous poussez pas à vous rappeler les manquements à vos missions.
M. le président, vous dites aux journalistes que l’inscription à l’Ordre est la condition sine qua non assujettie à l’exercice de la pharmacie et parallèlement vous exigez un contrat pour l’inscription à l’Ordre. Quel paradoxe ! On doit se munir d’un contrat de travail pour pouvoir s’inscrire à l’Ordre et vous dites pour exercer il faut d’abord s’inscrire à l’Ordre. Vous êtes contradictoire dans vos propos illusoires.
M. le président, qu’attendez-vous pour l’application des textes vis à vis des nombreuses officines dont les propriétaires sont décédés depuis longtemps et que vous êtes tous au courant ?
Que dites-vous des pharmaciens titulaires qui ont abandonné leurs officines et passent la majorité de leurs temps à l’étranger sans même qu’il y ait un pharmacien au sein de leur pharmacie ?
M. le président, vous ne manquez pas du travail et votre rôle ne se limite pas à des voyages interminables qui n’apportent rien à notre profession.
M. le président, vous dites, si on appliquait le décret de 2007 qui prévoit une pharmacie pour chaque 5.000 habitants, Dakar Plateau ne pouvait pas abriter les 48 pharmacies qu’il a actuellement car ayant seulement 44.000 habitants et quelques, soit 8 pharmacies si c’est rapporté à la population donc les 40 autres sont des dérogations de l’autorité. Une dérogation veut dire exception, M. le président. Toutes les 40 autres sont des exceptions ? Basées sur quoi ? Vous n’allez jamais nous le dire !
Maintenant, qu’est ce qui empêche l’application de ce décret dans tout le territoire du pays pour faciliter l’accessibilité du médicament à tous ?
Que dites-vous des plus de 700 dépôts de médicaments illégaux qui officient d’une manière illégale à Touba et à « Keur Serigne Bi » ou dans d’autres localités du pays ? Ou bien ça ne vous préoccupe pas, M. le président ?
M. le Président, vous dites que vous défiez quiconque qu’au Sénégal tu ne peux pas faire 20 mn de marche sans trouver une officine de pharmacie donc notre profession est en phase de saturation. Très honnêtement, M. le président, tu savais pertinemment que tu donnais des informations fausses et tu n’étais même pas à l’aise ; même les journalistes savaient que c’était des contrevérités. En tant qu’autorité, vos assertions gratuites portent atteinte à l’honneur de notre profession et c’est indigne.
M. le président, vous dites qu’en 2018, la direction de la pharmacie a enregistré plus de 570 dossiers de création de pharmacies et que le retard de la signature d’arrêté pour de nouveaux sites est dû au volume de dossiers. Et que ces dossiers devraient parvenir à l’Ordre qui à son niveau devait effectuer une vérification. Il fallait préciser M. le président, que c’était juste pour 83 sites et y’avait pas de postulants dans 21 cas de ces sites proposés car non viable. Du coup, votre vérification ne concernait que 61 sites. Après délibération, y’en avait qui ont désisté et jusque-là leurs 2nd sur la liste ne sont toujours pas appelés et on ne sait rien de ce que vous avez prévu de ces sites qui leurs revenaient de droit, d’office. Si jamais vous nous poussez à parler, vous allez vraiment payer les pots cassés ; vous l’Ordre et la DPM.
M. le président, soyez honnête envers vous-même, envers vos confrères et envers les populations.
Vous n’êtes pas plus brillants que ces jeunes qui ne demandent qu’à exercer le métier auquel ils ont été formés. Votre seul mérite c’est d’avoir fait les bancs avant eux.
Vous durcissez tout le temps le chemin à ces jeunes. Vous leur refusez l’inscription à l’Ordre ; vous les enfoncez dans le trou du chômage. A la limite vous les déboussolez.
Dr Mar Fall Dabakh
Pharmacien
Lettre ouverte au président de l’Ordre des Pharmaciens du Sénégal, Dr Amath Niang
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