Monsieur le Ministre,
Je vous écrits cette présente avec l’encre du cœur et la plume de la raison. Vous n’êtes pas sans savoir que votre dernière sortie aux allures blasphématoires, n’est restée insensible à l’endroit de tous les agents de santé épris de respect de la dignité humaine et de la justice sociale.
M. Le Ministre, il urge de vous faire une « petite » mise à niveau pour que votre système d’exploitation soit réinstallé ou que votre application soit réinitialisée. J’ai eu tort de croire ou d’espérer que la pandémie actuelle serait un important « virus » qui vous alerterait sur l’ « anti-virus » adapté à installer pour ne point déraper lors de vos éventuelles sorties médiatiques à l’endroit des agents sous votre tutelle. Malencontreusement, nous avons assisté à un lynchage médiatique, à une sortie rocambolesque, à un discours intriguant et menaçant.
M. Le Ministre, j’ai l’impression que vous dirigez un secteur que vous méconnaissez ou que vous ne maitrisez guère. J’ai eu, dans le passé, à magnifier le travail remarquable que vous aviez accompli à l’UCAD, directeur du COUD vous étiez, avec l’aménagement du cadre de vie estudiantin, la réglementation du campus social entre autres. Des qualités humaines vous en disposez certes, mais depuis votre nomination au poste de MSAS du Sénégal en 2017, l’on a constaté des prises de position maladroites à la limite insolentes à l’endroit des agents de santé allant de la gestion des urgences, de la pandémie et des CTE, à l’affectation des médecins dans les régions de notre bien aimé Sénégal entre autres.
M. Le Ministre, je vous invite à un « petit cours » d’état des lieux et de mise à niveau de notre système sanitaire.
M. Le Ministre êtes-vous au courant du classement mondial des systèmes de santé d’après la prestigieuse revue The Lancet ? Je vous informe que le Sénégal occupe la 173e place sur les 195 systèmes étudiés.
Saviez-vous que le Sénégal ne fait pas partie du top 10 des meilleurs systèmes sanitaires africains occupés par l’Afrique du Sud, la Tunisie, le Kenya, l’Algérie, le Nigeria, l’Égypte, le Maroc, le Rwanda, la Tanzanie et la Zambie ? Et que même des pays insulaires comme les Comores et les Seychelles deviennent actuellement les destinations de rêve en matière de santé en Afrique. Or que beaucoup de ressortissants des pays précédemment cités, ont été des étudiants de la Faculté de Médecine de l’UCAD ou des spécialistes en formation dans nos différentes structures hospitalières. Saviez-vous que l’OMS a établi les normes suivantes en termes de santé : 1 médecin pour 5000 à 10 000 habitants, une Sage-femme pour 300 femmes en âge de procréer et un infirmier pour 300 habitants ? Je vous rappelle juste que pour le Sénégal nous en sommes à 1 médecin pour 17 000 à 24 000 habitants, 1 Sage-femme pour environ 4600 femmes en âge de procréer et 1 infirmier pour environ 8700 habitants. Saviez-vous également que l’OMS a dit que 1 poste de santé pour 10 000 habitants, 1 centre de santé pour 50 000 habitants et 1 hôpital pour 150 000 habitants ? Toujours dans les rappels, au Sénégal nous en sommes à 1 poste de santé pour 11 500 habitants, 1 centre de santé pour 175 000 habitants et 1 hôpital pour 575 000 habitants. « trouvons l’erreur ». Qui doit menacer qui ?
M. Le Ministre, sur ces points à venir, je pense que vous êtes par contre très bien informé : salaires des députés et ministres : député simple : 1 300 000 FCFA/mois, député composé ou présidents de commission : 1 600 000 FCFA/mois, députés membres du bureau : 2 000 000 FCFA/mois avec des indemnités à outrance. Pour les ministres : salaire de base : 2 000 000 FCFA/mois et des frais de mission entre 150 000FCFA et 200 000FCFA/jour en fonction du lieu de déplacement.
M. Le Ministre pour avoir parcouru votre Curriculum Vitæ sur le site du gouvernement j’ai vu que vous êtes économiste, expert financier, diplômé de l’Université de Lyon (France) et d’Alexandrie (Égypte). Vous savez pertinemment que les Docteurs en médecine ont au minimum un doctorat et les spécialistes Doctorat + 4 ans voire 5 ans minimum. Au vu des salaires précédents suscités et de votre cursus universitaire, pensez-vous que ces docteurs en médecines et spécialistes de surcroît ne méritent pas plus que les députés et ministres. Ces Dr et spécialistes surtout gynécologues qui sauvent des vies humaines et de par ses gestes salutaires plusieurs personnalités ont vu le jour : des Présidents de République, des Ministres de la santé, des députés, des médecins… « Trouvons l’erreur ». Qui doit menacer qui ?
M. Le Ministre, il n’est point question de manque de patriotisme ou d’esprit de sacrifice pour rejoindre les coins les plus reculés de notre cher pays.
M. Le Ministre figurez-vous que pour des questions d’ordre social et humanitaire à l’endroit de nos chers concitoyens oubliés ou occultés par nos gouvernants pour des besoins primaires, plusieurs de mes collègues et moi-même avons sillonné l’ensemble du territoire national, alors que nous étions ou sommes étudiants en médecine, en pharmacie ou en chirurgie dentaire, dans le cadre de campagnes médicales. Je pourrais citer plusieurs localités allant du Baol au Sine, du Saloum (Kaolack, Fatick, Kaffrine, Thiès, Touba…) au Walo, passant par le Djéry et le Dande Mayo (fanaye, ndieurba, taredji, dodel, ngano, karawendou, tatki, orkadiére…) de Saint-Louis à Ziguinchor dans le Blouf (Diegoune, Thionk Essyl..), n’oubliant pas Podor, Dagana, Louga, de Tambacounda à Kolda et j’en passe. Aucune de ces contrées ne nous est inconnue, on passait la nuit dans des villages au clair de lune, à même le sol, partageant avec les villageois leur hospitalité et leur bonne humeur dans une ambiance positive malgré le train de vie désastreux et macabre, pour y délivrer des soins gratuitement.
M. Le Ministre, je suis désolé mais ce n’est pas à ces agents que l’on doit interdire d’exercer la médecine au Sénégal.
M. Le Ministre, où est ce que les membres du gouvernement se soignent-ils, dans le public, le privé (occupés par des médecins que vous menacez d’envoyer dans nos régions de gré ou de force) ou à l’extérieur ?
M. Le Ministre, l’économiste, l’expert financier, pensez-vous au vu de tout ce qui précède (non moins exhaustif) que l’heure est à la menace ou aux brimades ? Pensez-vous qu’entre les agents de santé, les gouvernants et la population, qui doit menacer qui ?
Pour terminer (alors que ma tête bouillonne d’idées à développer davantage) je vous rappelle M. Le Ministre, vous qui étiez pensionnaire de l’Université de Lyon, je vous rappelle la devise première qui était inscrite en lettres dorées à l’ombre de la statue de Claude Bernard à l’entrée principale de ladite Université qui est : « Scientia y labore » qui signifie « par La connaissance et le travail « . De par cette devise, respectez nous, revenez à la raison, the « inverse Drain Brain » ne peut être occulté, arrêtez vos piques et vos briques que vous nous lancez. Trop c’est trop !
Serigne Modou Babou
Etudiant en Médecine en année de thèse (3e année du cycle doctoral)
Citoyen sénégalais, engagé pour l’amélioration des conditions sanitaires de notre pays et le respect de l’Etat de droit et des droits humains