Lors d’une rencontre d’échanges organisée par le Centre de recherche africain sur la santé et la population (APHRC), Dr Codou Badiane Mané, point focal santé environnement au ministère de la Santé et de l’Action sociale, a souligné l’absence de stratégies spécifiques ou de remèdes pour faire face aux effets du changement climatique sur les maladies non transmissibles (MNT). Elle a insisté sur le rôle des professionnels de la santé, qui se limitent pour l’instant à prodiguer des conseils pour minimiser ces impacts.
Un secteur en retard sur le lien climat-santé
Dr Mané a reconnu que le secteur de la santé a pris du retard dans l’établissement de ce lien, ce qui a freiné la mise en place d’une politique d’adaptation efficace. Cependant, elle a affirmé que des efforts sont en cours, notamment à travers l’élaboration du Plan national d’adaptation au changement climatique, visant à intégrer les politiques sanitaires et climatiques dans une gouvernance commune pour des réponses plus ciblées.
En attendant des solutions concrètes, elle recommande de se référer au bulletin d’alerte précoce produit par l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM), en collaboration avec le Centre de suivi écologique (CSE), pour anticiper les vagues de chaleur et fournir des recommandations adaptées aux personnes atteintes de MNT.
L’importance des preuves scientifiques
Pour Dr Mané, il ne suffit pas de s’appuyer sur des ressentis ou des hypothèses pour établir un lien entre climat et maladies. Elle insiste sur la nécessité de disposer d’évidences scientifiques solides et d’une plateforme de gestion des connaissances, soulignant que les acteurs de la santé manquent encore de formation sur les questions climatiques.
Des défis à relever
La directrice du changement climatique, de la transition écologique et des financements verts, Madeleine Diouf Sarr, a rappelé que le lien entre santé et climat a été étudié depuis plusieurs années, notamment à travers des recherches sur l’impact des hausses de température sur les écosystèmes. Elle cite en exemple les effets du changement climatique sur le paludisme, avec une prolifération des moustiques due aux inondations et aux variations climatiques.
Toutefois, elle souligne que ces études restent parcellaires et qu’il est essentiel d’approfondir les recherches pour mieux corréler les événements climatiques aux risques sanitaires. « C’est un exercice continu qu’il faut mener avant d’établir des relations directes entre ces paramètres climatiques et les maladies non transmissibles », a-t-elle expliqué.
Un projet de recherche en cours
Un projet de recherche sur les interactions entre climat et santé sera officiellement lancé en mars prochain. Ce programme, qui s’étendra sur trois ans, concernera les régions de Dakar, Kaolack, Saint-Louis et Matam. L’objectif principal est d’analyser l’impact des changements climatiques sur la prévalence des maladies non transmissibles et d’identifier des mesures adaptées pour renforcer la résilience du secteur de la santé face aux défis environnementaux émergents.
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