L’Ordre national des médecins du Sénégal (Onms) a présenté samedi 16 octobre 2021 son Plan stratégique de développement 2021-2025 avec en annexe la tenue d’un panel sur l’exercice illégal de la médecine, un phénomène qui défraie régulièrement la chronique. Parmi les objectifs de l’Onms figure l’édification à Dakar d’une Maison de l’Ordre.
Ils sont plus de 3 000 à figurer au tableau de l’Ordre national des médecins du Sénégal (Onms) pour l’année 2021. Un chiffre « en constante augmentation avec un bond quantitatif pour la période 2018-2020 » selon le président de l’Onms, le Dr Boly Diop qui déplore toutefois le fait que la crise sanitaire ait retardé la publication du tableau. Ce samedi 16 octobre était donc l’occasion pour le Dr Boly Diop et ses pairs de rectifier le tir à l’occasion de la cérémonie officielle de lancement du Plan stratégique de développement de l’Ordre pour la période 2021-2025.
Un lancement présidé par le ministre Abdoulaye Diouf Sarr qui a rejoint l’assemblée après la tenue d’un panel sur l’exercice illégal de la médecine que le ministre a qualifié « de menace grandissante pour le système de santé et de fléau à combattre ». Un fléau que la directrice des établissements privés de santé du ministère, le Dr Henriette Cécile Diop, a décrit en présentant les résultats issus de visites de terrain : « Sur les 125 structures visitées, seules 71 étaient en règle, soit 56,8 %. Alors que 28 établissements n’avaient pas du tout d’autorisation, soit 39,2% et 4 avaient des dossiers en cours au niveau du ministère, mais avaient commencé de fonctionner sans avoir leurs arrêtés qui étaient en cours.» Afin d’assainir le milieu, le président de l’Onms souhaite «renforcer la gouvernance de l’Ordre» et faire montre du «devoir de transparence» : «Nous travaillons en parfaitement collaboration avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice pour que ceux qui exercent la médecine de manière illégale soient poursuivis et sanctionnés.
Aujourd’hui, nous travaillons encore pour alourdir les sanctions contre ces gens qui pratiquent le métier de manière illégale. Parce que celui qui exerce le métier sans autorisation commet d’autres infractions.» Une assertion à laquelle se joint le ministre qui soutient : «Ceux qui ne sont pas inscrits au Tableau sont dans l’illégalité. Ils exposent les patients et nuisent à leurs pairs et ternissent l’image de notre système de santé. J’appelle donc tous les médecins qui souhaitent exercer, à s’inscrire et à participer à la vie de l’Ordre».
Encore faudrait-il que les autorités fassent respecter la réglementation, car selon le Dr Abdourahmane Diaby, radiologue qui exerce à Thiès, «il y a des médecins de la Fonction publique qui possède en parallèle des cabinets privés dont leur nom figure sur la plaque alors que de telles démarches nécessitent une autorisation préalable» et de se demander «comment obtiennent-ils ces autorisations». Une application de la Loi que fustige également Diabel Dramé, médecin-chef du district sanitaire de Sédhiou, lorsqu’il s’agit de la publicité non-encadrée qui par sa résonance fait le lit de l’exercice illégal de la médecine.
859 millions de F Cfa sur 5 ans
Conscient donc de son rôle capital dans l’écosystème du secteur de la santé, l’Onms souhaite à travers son Plan stratégique de développement 2021-2025, insuffler «une nouvelle dynamique à la hauteur des attentes des médecins et des communautés». Ce document que «chaque médecin doit s’approprier» selon les mots du Dr Boly Diop s’articule principalement autour d’une analyse situationnelle et la définition d’un cadre stratégique, ainsi que sa mise en oeuvre. Celle-ci repose sur un budget prévisionnel de 859 millions de F Cfa dont la majeure partie est destinée à améliorer le cadre organisationnel interne de l’Ordre.
Ce budget sera mobilisé à partir de ressources internes à hauteur de 61%, le restant auprès de ses partenaires. Le point d’orgue de ce plan est l’édification prochaine d’une Maison de l’Ordre à Dakar, ce qui pour le Dr Boly Diop ne vas pas sans une décentralisation des services de l’Ordre qu’il souhaite promouvoir dans le même temps. En effet, il faut souligner comme l’indique le Tableau de l’Ordre que 74% des médecins inscrits exercent à Dakar créant une disparité telle que des régions entières ne dispose même pas d’un spécialiste dans certains domaines de la médecine.
Autre disparité, celle entre le nombre d’inscrits entre les sections (A et B) au Tableau avec 80% de ceux-ci appartenant à la section A, qui «a été identifié comme source de clivage entre les membres de la corporation» et de rappeler que «remontant à plusieurs années en arrière, les motifs de cette division ne sont plus pertinents à l’heure actuelle» . De plus, il convient de noter qu’à l’heure actuelle, la répartition des médecins sur le plan du genre est de 2 hommes pour 1 femme qui exerce.
Sur le plan des doléances adressées aux autorités, l’Onms revendique la transposition et l’application du Code de déontologie harmonisé dans la zone CEDEAO, l’application de la Directive de l’Uemoa sur la mobilité des médecins dans l’espace communautaire et enfin la finalisation du Code de la Santé. Par ailleurs, le Dr Abdourahmane Diaby s’est fait l’avocat des jeunes diplômes qui faute de recrutement dans le Public ou le Privé, peinent pour s’inscrire à l’Ordre et plaide donc les concernant pour un meilleur accès à l’Institution.
Bastien DAVID