Plus de 200 nouveaux cas sont reçus chaque année au sein de l’hôpital Dalal Jamm qui abrite le seul centre de référence en matière de prise en charge des cancers pédiatriques, fait savoir le chef de service de ce département, Dr Mame Ndella Diouf. Et le Directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Samba Cor, d’ajouter : «le Sénégal attend chaque année 1204 cas de cancers des enfants et aujourd’hui seuls 10 lits sont disponibles au niveau de nos hôpitaux». Ces révélations ont été faites, samedi dernier, lors de la célébration de la journée dédiée à cette maladie à l’hôpital Dalal Jamm.
La prise en charge des cancers pédiatriques est devenue un véritable problème de santé. Pour tout le pays, un seul centre accueille les malades pour des soins adaptés. Cependant, il faut souligner que la disponibilité de lits est très limitée, pour une demande qui touche 200 nouveaux cas, comme l’atteste l’onco-pédiatre au sein de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye. Pour Dr Mame Ndella Diouf, le cancer de l’enfant existe et concerne au Sénégal plus de 200 nouveaux cas reçus dans cet hôpital, par année. Elle a aussi renseigné que sont attendus normalement entre 800 et 1200 cas par an. «Il y a beaucoup de malades qui n’arrivent pas (à l’hôpital) parce qu’ils n’ont pas été diagnostiqués ou encore parce qu’ils n’ont pas les moyens d’arriver à Dakar et que la prise en charge coûte quand-même cher», s’est-elle désolée.
Considéré comme seul centre de prise en charge, le service se trouve confronté à d’énormes difficultés concernant les ressources humaines. «Il faut savoir que l’unité d’oncologie pédiatrique existe depuis 2000 ; donc, nous avons quand-même 25 ans d’existence. Et malheureusement, au Sénégal, elle est la seule unité, il n’y a pas encore une véritable décentralisation qui fait qu’il y ait d’autres unités satellites. Les difficultés sont nombreuses sur le plan des ressources humaines parce qu’en activité, actuellement, il n’y a que 4 onco-pédiatres, il y a d’autres qui sont formés mais qui n’ont pas encore pris service pour pouvoir pratiquer l’activité. En plus de ces difficultés, nous n’avons pas encore un service assez grand pour accueillir tous ces enfants» a-t-elle renseigné.
LE PROBLEME DE LA DISPONIBILITE DES MEDICAMENTS, UNE AUTRE PREOCCUPATION
Et d’ajouter : «la capacité d’accueil est à 10 lits, avec une salle d’hospitalisation du jour qui contient 12 fauteuils de chimiothérapie. Mais le nombre de malades étant largement supérieur à ça, nous avons la possibilité d’hospitaliser dans les autres services ; ce qui constitue un frein quand-même à la prise en charge de ces enfants. On a également le plateau technique parce que nous n’avons pas tout ce qu’il faut pour poser des diagnostics précis. Il faut relever le plateau technique au niveau des laboratoires, au niveau des services de radiologie, au niveau des services d’anapathe, pour pouvoir poser des diagnostics précis afin de donner le traitement qu’il faut à ces enfants».
En plus des problèmes de ressources humaines et d’accueil, il s’y ajoute celui de la disponibilité en médicament. «Il y a le problème des médicaments ; ce sont les anticancéreux, ils ne sont pas tous gratuits pour ces enfants, ils ne sont pas tous disponibles non plus. On sait que le cancer est très proche de la douleur, le cancer et la douleur font leur chemin ensemble. La disponibilité de la morphine également fait défaut, surtout la forme qui est adaptée aux enfants, c’est-à-dire la forme sirop», a déclaré la blouse blanche.
Bien que le cancer de l’enfant soit guéri dans les pays industrialisés autour de 95%, plusieurs paramètres plombent les acquis d’y arriver. Et au premier plan figure le retard de diagnostic. «Il faut qu’on éduque les populations, qu’on les informe pour qu’ils puissent envoyer les enfants très tôt (à l’hôpital) et qu’une fois sur place, ils trouvent du personnel de qualité qui soit formé et qui soit apte à dispenser des soins de qualité à ces enfants pour pouvoir avoir de bons taux de survie», a-t-elle préconisé.
UN CENTRE NATIONAL D’ONCOLOGIE, AVEC UNE UNITE D’ONCO-PEDIATRIE, ET UN PLAN NATIONAL DE FORMATION D’ONCO-PEDIATRES ANNONCES
Au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, le Directeur de cabinet du ministre, Dr Samba Cor Sarr, venu présider la rencontre, a souligné que le cancer de l’enfant est une problématique de santé qui est très importante à travers le monde, mais qui n’avait pas fait l’objet d’une attention particulière il y a de cela quelques années au niveau de notre pays. «L’Etat du Sénégal, depuis 2000, en a fait une préoccupation avec la mise en place d’un système d’onco-pédiatrie et la création de filières permettant de créer des profils qui puissent prendre en charge ce type de cancer parce que ce sont des types de cancers qui, la plupart du temps, relèvent de la génétique ou de la génomique de façon globale. Et dès l’instant que c’est cette particularité, il est important de mettre en place un système de prise en charge», a-t-il fait comprendre.
Et de relever : «c’est le temps maintenant de poursuivre les recherches pour voir s’il est possible d’agir sur la génomique pour éviter justement la venue de ces types de cancers chez l’enfant. Il y a un travail qui est en cours au niveau international qu’on appelle le développement de la médecine personnalisée».
Revenant sur les préoccupations relevées, Dr Samba Cor Sarr a fait comprendre, dans cette prise en charge, qu’il y a le partenariat coréen qui va permettre cette année, en décembre, au Sénégal, de disposer d’un Centre national d’oncologie avec une unité d’onco-pédiatrie. «Sur le plan également du développement de l’onco-pédiatrie, nous avons un Plan national de formation qui va nous permettre d’avoir plus d’onco-pédiatres. Pour le moment, nous n’en avons que 4 et nous comptons en avoir un nombre assez suffisant pour une bonne prise en charge de cette pathologie. L’État a aussi renforcé le budget de subvention pour la prise en charge des cas de cancer».
sud quotidien