Le code pénal sénégalais en son article 320 dispose: «Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol ».
Le viol appartient à la grande entité des agressions sexuelles desquelles il se distingue par la pénétration sexuelle.
Nous signalons d’emblée qu’il n’appartient pas au médecin de qualifier l’infraction –ce n’est pas au médecin de dire s’il y a viol ou pas- ; ce qui est du domaine exclusif du juge. Toutefois, il est demandé au médecin de fournir au juge tous les éléments qui lui permettront de retenir l’infraction –seul le juge peut dire s’il y a viol ou pas-.
Dans le cas de suspicion de viol, le médecin doit, plus que jamais, porter sa casquette d’auxiliaire de justice en fournissant dans la plus grande circonspection tous les renseignements qui peuvent aider à la manifestation de la vérité. Des constations du médecin découleront des actions à trois niveau : thérapeutique (somatique), psychologique et judiciaire. Ainsi, le médecin qui examine sur réquisition ou sur demande de la victime ou de son représentant légal doit avoir une démarche qui se fonde sur ce trépied. Il ne doit pas hésiter à prendre l’avis de spécialistes au besoin.
Comme tout examen médical, l’examen de la personne violée comprend :
INTERROGATOIRE
Cette phase permettra de recueillir des informations sur les circonstances de survenue du viol et sur les antécédents de la personne. Entre autre, Il faudra s’informer sur : l’existence ou non d’une pénétration; «objet» (pénis ou autre); la voie (vaginale, anale, buccale) ; l’utilisation ou non de préservatif ; éjaculation ou pas ; nombre de rapports. Il faudra préciser la date des dernières règles ; la prise de contraception ou pas ; la date des derniers rapports sexuels consentis ; toilettage intime après agression ou pas ; le statut sérologique et vaccinal.
EXAMEN CLINIQUE
Commencer par l’examen général en appréciant le niveau de conscience (perturbations pouvant faire évoquer une soumission à une substance chimique) et l’examen des téguments et muqueuses (recherche de lésions traduisant la violence ou la contrainte utilisées par l’agresseur).
L’examen génital permettra de rechercher les signes de virginité (attention aux atypies) et les signes de défloration qui évoluent dans le temps (ecchymoses, déchirures, hémorragie, suppuration, cicatrisation). Il faudra rechercher les lésions associées (plaies et déchirures vaginales, déchirures périnéales postérieures…) d’où l’intérêt de l’examen au spéculum.
Il faudra examiner la marge anale et au besoin procéder à un toucher rectal pour apprécier le tonus du sphincter.
LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Dans la limite du possible, les prélèvements doivent se faire concomitamment avec l’examen clinque. Ils seront à visées judiciaire (confirmation des faits, identification auteur) et médicale (prise en charge initiale et suivi).
Ainsi, en fonction des circonstances on fera les prélèvements suivants : sperme (vagin, bouche, anus,…) ; sang ; urines ; écouvillons ; cheveux; prélèvement vaginal pour bactériologie, etc.
PRISE EN CHERGE DE LA VICTIME
•Prise en charge psychologique : à débuter par le médecin ; penser à se faire relayer par un spécialiste.
• Au besoin: antalgiques, inti-inflammatoires…
•Prévention d’une grossesse
•Prévention/traitement des IST (VIH, VHB, VHC, Syphilis, Chlamydia…)
•Fixer un planning de suivi de la victime : donner des RV de suivi’
REDACTION DU CERTICAT MEDICAL
Le médecin devra délivrer un certificat médical tout en respectant les règles de rédaction (cf rédaction CM). Il est demandé au médecin de fournir les éléments qui permettront au juge de retenir ou de ne pas retenir le viol.
Enfin, le médecin ne doit pas ignorer qu’il a l’obligation de faire un signalement s’il s’agit d’un mineur de 15 ans ou d’un majeur incapable; le signalement ne peut se faire qu’avec l’accord de la victime s’il s’agit d’une personne majeure.
Docteur Amadou SOW