Le trafic de médicaments illicites, c’est-à-dire des contrefaçons ou des médicaments sortis du circuit officiel, explose en Afrique de l’Ouest, selon un rapport publié fin août sous l’égide de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le manque de production locale de médicaments, mais aussi la faiblesse des réglementations et la corruption, expliquent en partie que cette région soit devenue l’un des points névralgiques du trafic de faux médicaments.
Que ce soit les médicaments contre le paludisme, les antirétroviraux, les préservatifs ou les tests de dépistage, entre 20% et 60% de ces produits médicaux sont des contrefaçons sur le marché de l’Afrique de l’Ouest, selon ce rapport de la Cédéao. Le chiffre grimpe jusqu’à 80% au Burkina Faso et en Guinée.Car le rapport se concentre sur l’étude de ces deux pays : la Guinée – qui centralise la majorité des médicaments qui arrivent par la mer ou les airs – et le Burkina Faso, où convergent les routes du trafic avant que les marchandises ne soient redistribuées dans la sous-région.Deux circuits se distinguent.
Le premier, illégal de bout en bout, voit partir des cargaisons à partir d’usines clandestines installées au Maroc, au Sénégal, au Nigeria ou au Ghana, ou encore en Asie – en Inde et en Chine. Cela avant d’être écoulées par des vendeurs de rue ou sur les marchés. Le second circuit de trafic vient de la production légale. Il s’agit de médicaments déroutés à plusieurs moments de la chaîne.Comment en est-on arrivé là ? Selon les auteurs du rapport, « la mondialisation et la complexité des chaînes transfrontalières ont compliqué le contrôle de la qualité des produits et le suivi des contrefaçons ». Et puis la crise du Covid-19 est passée par là, avec ses ruptures de stocks, poussant davantage à la consommation de produits illicites, qui sont eux disponibles.
.« L’absence de loi incite les réseaux criminels » à avoir du profit d’un trafic de médicamentsBasé à Dakar, Mouhamadou Kane est l’un des co-auteurs du rapport intitulé « Le trafic illicite de produits médicaux en Afrique de l’Ouest », avec la Suissesse Flore Berger, de l’Initiative globale contre la criminalité transnationale organisée (Gitoc). Selon lui,« l’absence de loi » punissant le trafic de médicaments « incite les réseaux criminels » à en profiter, tout comme la dégradation de la sécurité dans certains pays comme le Mali et le Burkina Faso.
📎 Infomed.sn avec RFI