Le SAMES va en grève pour protester contre l’accusation de négligence de la part de l’aide-infirmière, du chef du service pédiatrie et du directeur de l’hôpital de Linguère par le procureur de Louga. Le syndicat des médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes considère que cette qualification des faits est une diffamation à l’encontre des soignants.
« L’accusation de négligence constitue de la diffamation » pour la bonne et simple raison que « la table chauffante artisanale décriée par le procureur a pourtant sauvé des milliers d’enfants. Encore que c’est ce type de table qu’on retrouve dans presque toutes les structures sanitaires du Sénégal », a dit le secrétaire général du syndicat des médecins du Sénégal qui n’a pas manqué de charger de nos gouvernants qui, dit-il, « au lieu d’investir dans le relèvement du plateau technique, ils ont toujours usé de consultations médicales banales à l’Etranger aux frais du contribuable sénégalais jusqu’à ce que la Covid-19 leur rattrape pour leur rappeler leur devoir de souveraineté sanitaire ». Un manque de considération qui n’en est pas un. Au Sénégal, « la nomination inédite de novices, sortis de nulle part, aux postes de responsabilités au ministère de la Santé à la place des agents de santé expérimentés peut expliquer cette méconnaissance du système et des enjeux », ont-ils argué à l’endroit du gouvernement. D’ailleurs et au vu de cette situation qui n’honore pas leur corporation, des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal qui se sont donné la main déroulent leur premier plan d’action avec grève totale de deux jours –les 10 et 11 mai-, sur l’ensemble du territoire national avec un respect du service minimum et des urgences. Ce plan de guerre sera suivi d’une assemblée générale le lundi 10 mai à partir de 11 heures au sein de l’hôpital de Linguère.
Ces syndicats de médecins appellent en effet à une mobilisation générale de toutes les organisations syndicales notamment le Syntras, le Satsus et le Sdt3s pour la défense des agents de santé visés dans l’affaire des bébés morts calcinés à Linguère que sont l’aide-infirmière Khady Seck, le directeur de l’hôpital, Dr Abdou Sarr et le chef du service de pédiatrie, Dr Fatou Sy. Mais également et surtout, pour un système de santé de qualité.
Pour ce dernier point, ces praticiens de la santé donnent une note médiocre au gouvernement du Sénégal par rapport au gap en ressources humaines de qualité et un manque criard de matériels adéquats.
Déficit en ressources humaines et en matériels adéquats
Ces syndicalistes du secteur de la santé sont formels. Si les agents de santé tenaient au respect strict des normes édictées dans leurs structures respectives, disent-ils, tous les hôpitaux allaient être fermés. « Toutes les structures sanitaires sont confrontées au manque de ressources humaines. Le manque de matériel a dépassé le stade de la chronicité pour s’ériger en règle constituant même des motifs habituels de grèves comme à Matam, à Saint Louis, ou encore à Ziguinchor. La sortie du Pr Moussa Seydi sur le manque de respirateurs en est un exemple patent. Les régions de Kaffrine, de Kédougou, de Sédhiou réclament toujours l’affectation de cardiologues, de neurologues… Pour ce qui est des gynécologues, le cas de Kolda n’est que la partie visible de l’Iceberg », ont-ils martelé. Ce n’est donc pas un cas isolé. Presque partout dans le pays, le plus souvent c’est un seul gynécologue qui se charge de la santé de presque toute une population de femmes. « Un seul spécialiste qui assure le travail que devaient pour être fait par au moins trois personnes. Sans compter les répercussions en terme de qualité de service. Dans toutes les structures sanitaires, les agents démunis font toujours face à la maladie, aux urgences et à la détresse des patients sans moyens. Maintenant et, après être resté sourd et muet aux demandes de matériels par le directeur démissionnaire, comment peut-on expliquer le geste du ministre qui, dès le lendemain de ce sinistre, a doté ledit service d’un matériel flambant neuf avec respect des normes ? », s’interroge le Sames qui demande à ses membres de veiller au respect strict de normes sanitaires, notamment la disponibilité des ressources humaines et matérielles en quantité et en qualité. Ce, avant d’exercer la médecine. Le Sames qui réclame un système de santé de qualité pour toute la population sénégalaise demande à ces affiliés de ne mettre en œuvre aucune solution de « débrouillage » qui les exposerait à des poursuites et à la vindicte judiciaire.
Infomed Magazine