Le diabète est une maladie qui prend de l’ampleur au Sénégal. À l’hôpital Abass Ndao, les diabétiques vivent un quotidien difficile aux côtés des soignants. A Dakar, où cette pathologie fait des ravages, car laissant dans la plupart des cas des séquelles, les malades appellent à un renforcement de la prise en charge. Il est 11 heures en ce 1er octobre 2023. Le soleil est au zénith. La chaleur est intense. Dans les ruelles de l’hôpital Abass Ndao, les gens sont assis sur des bancs en béton. Quant aux accompagnants des malades, ils occupent les devantures des différents services. Le centre du diabète Mark Sankale, l’un des plus grands du pays, est niché au fond fin de l’hôpital. Il a été créé en 1965 et traite des milliers de patients chaque année. Sur le hall de ce bâtiment colonial de style soudano – sahélien , des dizaines de patients attendent pour se soigner ou se faire dépister.
Trouvé sur le parking de l’hôpital, Djibril Ndiaye attend son fils qui est allé prendre les résultats d’une analyse. Agé d’une soixante-dizaine d’années, il est amputé des deux jambes. Le regard vide, ce vieil homme est assis sur une chaise roulante. Vêtu d’un boubou blanc, il affirme que c’est suite à une piqure ratée au niveau de la cuisse qu’il a commencé à sentir d’abord des douleurs. Ensuite, la plaie s’est infectée au fil des mois. Lorsqu’il avait eu des traces, il n’y avait accordé aucune importance. « J’avais dépensé beaucoup d’argent chez les tradipraticiens. Au départ, j’avais négligé la maladie et je ne me souciais pas de mon régime alimentaire. Aujourd’hui, je suis en train de le regretter car c’est une maladie très fatigante », regrette Djibril. Actuellement, il est traité au centre Mark Sankale. « C’est avec l’amputation que je me suis senti mieux. Je vais continuer de me soigner et respecter le traitement », se résigne-t-il. Toutefois, il fustige la cherté de la prise en charge. « Les médicaments coûtent trop chers », se plaint-il.
Demba Diallo, la cinquantaine, est amputé depuis trois ans. Béquille à la main, il essaie tant bien que mal de monter les escaliers qui mènent vers la salle de consultation. Homme de grande taille, il n’est plus en possession de toutes ses forces. « Au départ, je me disais que je suis victime de « Ndoxu Sitti » (une maladie de la peau), les autres pensaient que c’était juste des boutons », se remémore-t-il. Il éprouve des difficultés financières pour suivre correctement son traitement car le diabète est une maladie à « lourde charge ». « Je suis amputé, je ne travaille pas et chaque mois, je dois acheter des médicaments et ça me coûte beaucoup d’argents. Je n’arrive pas à joindre les deux bouts », déplore Demba. Selon lui, les autorités doivent encore faire des efforts malgré les avancées sur les subventions.
Les efforts de l’Etat salués
A la salle d’attente, des dizaines de personnes patientent. L’ambiance est bon enfant. Tandis que certains discutent, d’autres sont concentrés sur leur téléphone. Assis sur une chaise, Ousmane Diouf est diabétique depuis quelques années. Bien que concentré à lire son journal, cet homme d’une cinquantaine d’années, vêtu d’un boubou vert, accepte de nous parler : « L’Etat du Sénégal a fait d’énormes efforts concernant la prise en charge des diabétiques. Les gens sont sensibilisés sur la maladie ». Il poursuit : « Le flacon d’insuline est subventionné. Il coûte maintenant 1000 FCfa et la seringue à 100 FCfa contrairement à plusieurs pays de la sous-région ».
El Hadji Ibrahima Faye
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