Dans une atmosphère empreinte d’enthousiasme, de rigueur académique et de vision stratégique, s’est tenue dans l’amphithéâtre de l’ UCAD 2 , la première édition de la Foire des Métiers de la Pharmacie. Une initiative portée par l’Association des Étudiants en Pharmacie du Sénégal (AEP.Sn), avec pour objectif de créer un espace de dialogue, d’apprentissage et de projection pour les futurs acteurs du secteur pharmaceutique.
Dans l’amphithéâtre de l’UCAD 2, ce samedi matin d’avril, l’atmosphère est chargée d’énergie et d’enthousiasme. Dès les premières heures, un flot constant d’étudiants, de professionnels de santé, d’enseignants et d’invités institutionnels converge vers les lieux. L’effervescence est palpable : badges colorés accrochés aux cous, brochures en main, regards curieux et sourires complices s’échangent dans les couloirs.
À l’entrée de l’amphi, des stands décorés aux couleurs de l’AEP.Sn accueillent les participants avec des affiches, des kakémonos, et des échantillons symboliques de ce que représente le vaste univers pharmaceutique. Les membres de l’association, reconnaissables à leurs badges et leur habillement, s’activent, orientent, saluent et veillent à ce que chaque détail soit à la hauteur de l’événement.
Dans l’amphithéâtre lui-même, les rangées se remplissent peu à peu. Les discussions fusent à voix basse, ponctuées par les éclats de rire ou les exclamations des retrouvailles. Sur scène, les techniciens vérifient micros, projecteurs et banderoles, pendant que l’équipe organisatrice finalise les dernières logistiques.
Le décor est planté : sérieux et convivialité, ambition et curiosité se mêlent dans un même souffle. Le public est attentif, les regards sont tournés vers l’avenir, et l’on sent déjà que cette journée laissera une empreinte durable dans le parcours de nombreux futurs pharmaciens.

Placé sous le parrainage du Directeur Général de l’Agence Sénégalaise de la Réglementation Pharmaceutique (ARP), le Dr Alioune Ibnou Abou Talib Diouf, l’événement a rassemblé un public diversifié composé d’étudiants, d’enseignants-chercheurs, de représentants institutionnels et d’acteurs du monde pharmaceutique. Entre discours marquants, panels de haut niveau et expositions interactives, cette foire s’annonce déjà comme un jalon décisif dans la redéfinition des contours d’un secteur pharmaceutique fort, inclusif et souverain.
Une ouverture solennelle portée par la jeunesse engagée
C’est Mouhamed Cheril Semou NDIAYE-PINDA, président de l’AEP.Sn, qui a donné le ton lors de la cérémonie d’ouverture tenue le 12 avril. Dans une adresse profondément inspirante, le jeune leader a rappelé que cette foire est bien plus qu’un événement académique : c’est une plateforme de valorisation du savoir, de mise en réseau intergénérationnelle et d’appel à l’action.
« Cette journée est bien plus qu’un simple événement. Elle est une véritable célébration du savoir, du partage et de l’avenir de notre profession », a-t-il lancé, dans une allocution applaudie par l’assemblée.
Il a souligné que l’ambition de la Foire n’est autre que de contribuer à l’émergence d’une pharmacie proactive, capable de répondre aux grands défis contemporains : accès équitable aux médicaments, innovation, régulation efficace, entrepreneuriat pharmaceutique et autonomisation des systèmes de santé.
Dans une allocution solennelle, Mouhamed Cheril Semou NDIAYE-PINDA, président de l’Association des Étudiants en Pharmacie du Sénégal (AEP.Sn), a officiellement lancé l’événement en mettant l’accent sur l’importance de cette foire comme espace de valorisation du savoir, de réflexion collective et d’ouverture vers l’avenir de la profession pharmaceutique.
« Cette journée est bien plus qu’un simple événement, elle est une véritable célébration du savoir, du partage et de l’avenir de notre profession », a-t-il déclaré, avant de souligner les responsabilités majeures qui incombent à la nouvelle génération de pharmaciens.
Au programme de cette foire : conférences, panels, expositions et échanges sur les multiples opportunités qu’offre le secteur pharmaceutique, allant de la recherche scientifique à l’industrie, en passant par les officines, l’hôpital, la régulation et l’entrepreneuriat. Des thématiques cruciales ont été abordées : l’accessibilité aux médicaments de qualité, l’évolution du rôle du pharmacien, la lutte contre les médicaments falsifiés, ou encore l’impératif de développement d’une industrie pharmaceutique locale forte.
Selon le président de l’AEP.Sn, cette initiative vise à impulser une dynamique nouvelle en faveur d’une pharmacie plus proactive, inclusive et innovante. Il appelle à renforcer les synergies entre les acteurs du secteur, à adapter les formations aux enjeux actuels et futurs, et à soutenir l’entrepreneuriat pharmaceutique comme levier stratégique pour la souveraineté sanitaire du Sénégal.
L’événement a également été marqué par des remerciements appuyés aux partenaires institutionnels, notamment l’ARP, la PNA et ProspPharm 2025, dont l’appui a été décisif pour la tenue de cette première édition.
« Aujourd’hui, nous ne nous contentons pas d’explorer les opportunités du secteur pharmaceutique. Nous posons les bases d’un engagement fort pour une pharmacie plus dynamique, plus inclusive et plus impactante », a conclu NDIAYE-PINDA.
Autour de panels, d’expositions et de conférences, la foire met en lumière la diversité des parcours offerts par la formation en pharmacie : recherche scientifique, industrie, officines, hôpitaux, structures de régulation, start-ups biopharmaceutiques, etc. Autant de domaines qui, selon le président de l’AEP.Sn, doivent désormais être repensés à l’aune de la souveraineté sanitaire et économique de l’Afrique.
Foire des Métiers de la Pharmacie 2025 : Fatoumata Sy et Diegane Diallo portent la voix des jeunes diplômés
Lors de la Foire des Métiers de la Pharmacie 2025 qui s’est tenue à Dakar, deux voix ont particulièrement résonné au sein de l’assemblée : celle de Fatoumata Sy, présidente de PROSPHARM, et celle de Diegane Diallo, étudiant en fin de cycle. Tous deux ont livré un plaidoyer fort et engagé pour la modernisation de l’accompagnement des étudiants en pharmacie, une fois leur diplôme en poche.

Dans une atmosphère empreinte d’écoute et d’espoir, Fatoumata Sy a souligné les limites actuelles du système d’insertion professionnelle des jeunes pharmaciens. Elle a dénoncé le manque d’initiatives concrètes pour soutenir la transition entre les études et la vie active, appelant les autorités et les acteurs du secteur pharmaceutique à prendre leurs responsabilités. Selon elle, il est urgent de repenser les dispositifs d’accueil, d’encadrement et d’orientation des jeunes diplômés, notamment à travers la création de programmes de mentorat, de stages qualifiants et de formations complémentaires adaptées aux réalités du terrain.
De son côté, Diegane Diallo a porté un témoignage lucide, empreint de réalisme et d’aspiration. Il a exprimé les frustrations grandissantes ressenties par une génération d’étudiants confrontés à l’incertitude professionnelle. “Nous sortons d’une formation exigeante, avec des compétences solides, mais nous sommes souvent laissés à nous-mêmes, sans encadrement ni perspective claire”, a-t-il déploré. Il a également insisté sur la nécessité d’une meilleure articulation entre le monde universitaire et le marché du travail, en appelant à des partenariats plus dynamiques entre l’État, les établissements de formation et le secteur privé.
Leur intervention a suscité une vive réaction au sein du public, composée de professionnels, enseignants, institutionnels et étudiants. Plusieurs participants ont salué la pertinence de leurs propos, y voyant une interpellation nécessaire pour repenser l’avenir de la profession pharmaceutique au Sénégal.
Ce plaidoyer s’inscrit dans une dynamique plus large portée par les jeunes du secteur, désireux de contribuer activement à la souveraineté pharmaceutique et à la transformation du système de santé. En portant haut la voix des futurs professionnels, Fatoumata Sy et Diegane Diallo rappellent qu’aucune réforme durable ne saurait se faire sans l’implication directe des principaux concernés.
Une réforme académique en phase avec les ambitions nationales
Prenant la parole à son tour, le Professeur Pape Ndiaye Gueye a livré un discours improvisé mais dense, témoignant de la maturité des réformes en cours dans l’enseignement pharmaceutique sénégalais. Il a souligné la convergence entre les orientations stratégiques de l’État et les efforts déployés par l’Université pour adapter les formations aux nouveaux besoins du secteur.

« Le secteur évolue, il est donc impératif que nos formations évoluent aussi », a-t-il insisté.
Trois nouvelles filières phares ont été mises en place :
- Le Master en Réglementation Pharmaceutique, sous la coordination du Professeur Senghor Sarr ;
- La Licence en Technologie Industrielle
- Le Master en Biotechnologie,.
Ces programmes viennent renforcer le dispositif global porté par la DRIVE Unit, structure de coordination académique dirigée par le Professeur Yerim Sow , visant à accompagner la transition du secteur pharmaceutique vers une autonomie scientifique, industrielle et technologique.
Le Professeur Gueye a aussi tenu à rendre hommage au Dr Diouf, parrain de l’événement, qu’il a salué comme un « pur produit de l’école publique », symbole de rigueur, de résilience et d’ambition. Il a remercié les partenaires institutionnels présents — SENPHARMA, PNA, ARP — ainsi que les enseignants, étudiants et autorités administratives.
L’ARP comme catalyseur de la souveraineté pharmaceutique
Le discours du parrain, Dr Alioune Ibnou Abou Talib Diouf, s’est imposé comme un moment fort de la cérémonie. Très attendu, son propos n’a pas déçu. Avec la clarté d’un pédagogue et l’autorité d’un dirigeant stratégique, il a articulé son intervention autour de trois axes : découverte des métiers, dialogue institutionnel, et orientation des jeunes vers l’action.

Il a salué une initiative à fort potentiel structurant, soulignant qu’elle répondait pleinement aux priorités fixées par le Président de la République, M. Bassirou Diomaye Faye , notamment la relance de la production pharmaceutique locale et l’atteinte de la souveraineté sanitaire.
« Le président nous l’a écrit, nous l’a dit, et nous enjoint de le faire : relancer la production pharmaceutique locale et atteindre la souveraineté », a-t-il rappelé.
Dr Diouf a détaillé les deux piliers de la nouvelle politique pharmaceutique nationale :
- La souveraineté pharmaceutique, incarnée par la montée en compétences des pharmaciens sénégalais et l’implantation d’unités de production locales ;
- La relance industrielle, incluant la production de principes actifs, la fabrication de médicaments et l’exportation régionale.
Des engagements concrets : insertion, équipements, bourses et innovation
Très attentif aux préoccupations étudiantes, le Directeur de l’ARP a également annoncé une série de mesures concrètes prises depuis sa nomination en août 2024 :
- Insertion professionnelle : près d’un tiers des effectifs de l’ARP sont désormais constitués de jeunes issus de l’UCAD (stagiaires, CDD) ;
- Soutien logistique : don de matériel scientifique, dont des colonnes HPLC, au Département de pharmacie ;
- Bourses d’excellence : financement de masters spécialisés autrefois inaccessibles à la majorité des étudiants sénégalais ;
- Plan de recrutement 2024–2028 : 350 postes en CDI seront ouverts dans les prochaines années ;
- Officine virtuelle en réalité augmentée : lancement d’un projet de simulation pédagogique pour familiariser les étudiants aux pratiques professionnelles concrètes.
Ces actions participent d’une stratégie globale visant à ancrer l’ARP dans une dynamique de proximité avec les milieux académiques, tout en consolidant une régulation pharmaceutique conforme aux standards internationaux (l’agence a récemment atteint le niveau de maturité 3 selon l’OMS.
Un appel à l’excellence, à l’audace et à la vision
Dr Diouf a invité les étudiants à faire preuve d’ambition, d’exigence et de discipline, soulignant que le développement du secteur pharmaceutique repose sur une génération d’acteurs instruits, compétents et ouverts aux innovations.
« L’être humain est un être réfléchi. Il faut anticiper, apprendre, rajouter des compétences, des diplômes, des idées. »
Il a formulé un objectif clair : d’ici 2050, le Sénégal devra disposer d’au moins 40 unités de production pharmaceutique. Une ambition qui exigera des efforts partagés, des choix politiques forts et un écosystème où chaque compétence compte.
Une jeunesse motrice du changement
Cette Foire des Métiers de la Pharmacie, dans son esprit comme dans sa forme, a mis en lumière la capacité de la jeunesse universitaire à initier des dynamiques transformatrices. En valorisant les métiers, en interrogeant les politiques publiques, et en consolidant le dialogue interinstitutionnel, l’AEP.Sn a su créer un espace rare : celui où la prospective rencontre l’action.
Loin d’un simple forum de présentation, l’événement s’est imposé comme un laboratoire d’idées, un incubateur de vocations et un symbole d’unité générationnelle, réunissant autour d’une même ambition les étudiants, les enseignants, les régulateurs et les industriels.
En route vers une souveraineté pharmaceutique durable
Alors que se referme cette première édition, une conviction s’impose : l’avenir du secteur pharmaceutique sénégalais se joue aujourd’hui. La relance industrielle, l’innovation, l’insertion professionnelle, la formation spécialisée, la recherche appliquée et la régulation efficiente ne sont pas des options — ce sont les conditions indispensables d’une souveraineté pharmaceutique réelle et durable.

La Foire des Métiers de la Pharmacie 2025 restera, sans doute, comme l’un des jalons fondateurs de cette ambition nationale. Une édition inaugurale qui aura su allier vision, action et émotion.
EL HADJI I FAYE
Infomed. sn