Le système de santé Sénégalais présente depuis toujours une dichotomie santé publique/ santé privé où les formations, stratégies, orientations, financement… issus de l’état et de ses partenaires sont exclusivement destinés au public.
Cette fâcheuse tendance à ignorer un fort potentiel du système est pourtant à l’origine de l’échec de plusieurs stratégies mise en place pour lutter contre certaines maladies ou alors le retard dans l’atteinte des objectifs escomptés. A titre d’exemple, il est illusoire de prétendre à une complétude des données (telle que celles du paludisme, de la grippe, de la contraception etc.) sans intégrer les résultats du privé souvent laissé en rade. L’officine pour sa part, est une banque de données sanitaires oubliées et délaissées par le ministère de la santé.
L’OMS l’ayant bien compris a incité les états à mieux impliquer le privé dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes de santé. Ceci a contribué au Sénégal à la création de l’alliance du secteur privé de santé (ASPS) qui malheureusement tarde à prendre sa vitesse croisière pour ne pas dire à décoller si l’on sait que le dernier article publié sur leur site officiel date de 2015.
La gestion de la convid 19 n’échappe pas à cette logique d’exclusion. Ainsi il a fallu après quelques mois hors du circuit, à la faveur de quelques contestations, que le ministère de santé ait finalement décidé d’intégrer le secteur privé dans la « force covid 19 » où les pharmaciens d’officine sont juste invités pour l’embellir car jusqu’à présent leurs niveaux de responsabilité sont en deçà de leurs capacités d’action vu leurs profils et la répartition des officines dans le territoire national.
Cependant compte de l’évolution actuelle de la pandémie avec le variant delta beaucoup plus contagieux que les précédents ainsi que la disponibilité des TDR, il est temps que les pharmaciens puissent jouer pleinement leurs partitions notamment à propos du diagnostic justement par ces TDR mais aussi l’orientation et le suivi des cas covid simples asymptomatiques.
Pour rappel le Sénégal compte plus de 1.300 pharmacies avec des distances entre elles d’environ 200m au centre-ville, 300m dans les autres localités de Dakar et 400 à 600m dans les régions. L’officine est de faite l’unité de santé la plus proche de la population. Cette proximité doublée de la présence d’un pharmacien devrait être mis à profit pour améliorer la sensibilisation, la campagne de vaccination, le diagnostic et le recueil des données réelles de la maladie comme cela se fait par exemple en France.
Avec le développement des nouveaux tests rapides antigéniques et sérologiques, les pharmaciens formés et encadré peuvent être autorisés à réaliser ces TDR afin de proposer un conseil en cas de négativité et d’orienter en cas de positivité.
Ceci pourrait permettrait de :
-Dépister massivement
-Désengorger les hôpitaux notamment les tris ou accueils
-De favoriser un diagnostic rapide dès les premiers symptômes
-Permettre aux infectés de connaître assez tôt leurs états afin de prendre les mesures idoines pour éviter de contaminer leurs entourages
-De faciliter une rapide prise en charge pour diminuer les cas graves
Dr Mor Diagne