L’Afrique est le second marché le plus dynamique au monde, après l’Asie-Pacifique. Bien que le marché pharmaceutique africain ne représente que 2% du marché mondial, sa croissance est la plus rapide au monde, grâce à une dynamique démographique et à la croissance du pouvoir d’achat. L’Afrique abrite environ 17% de la population mondiale, 25% des malades toutes pathologies confondues, mais seulement 3% de la production pharmaceutique mondiale.
Des pays comme le Maroc et l’Afrique du Sud parviennent à produire 70 à 80% de leurs besoins en médicaments, ce qui veut dire que l’auto-suffisance en la matière n’est pas impossible. Pourtant, le continent dans son ensemble reste dépendant des importations pour plus de 80% de ses produits pharmaceutiques.
Selon certaines études, les coûts intermédiaires majorent presque de 50% le prix final des médicaments dans la plupart des pays africains, alors que dans l’OCDE, ces coûts varient de 2 à 24%. Cette situation exacerbe les inégalités d’accès et augmente la vulnérabilité aux pénuries et aux contrefaçons. Les disparités d’approvisionnement, déjà présentes avant la pandémie de COVID-19, se sont intensifiées, soulignant la nécessité d’une production locale robuste et résiliente.Les obstacles à la production pharmaceutique locale en Afrique sont multiples et d’ampleur nationale et internationale. Ils incluent entre autres :-
- un manque de financement abordable et de technologies modernes,
- -des infrastructures inadéquates, des marchés étroits et disparates –
- des chaines de distribution fragmentées- des cadres réglementaires lacunaires etc
.Pour que l’Afrique tire pleinement parti de son potentiel, il faut intégrer l’expertise locale et développer de nouveaux modèles d’affaires et de partenariats qui tiennent compte des besoins de nos populations. Les partenariats stratégiques doivent être revus, adaptés à nos réalités et fondés sur la confiance, la transparence et la coopération. L’harmonisation des réglementations et la simplification des procédures sont une urgence car elles permettront d’améliorer l’efficacité et la qualité de la production pharmaceutique à l’échelle du continent. Même si elle n’est qu’à ses débuts, l’industrie pharmaceutique africaine représente un fort potentiel de développement. Les leviers sur lesquels il faut agir sont connus, il revient à nos Etats et au secteur privé de les activer.
Jean Marie Dognon