A l’orée de 2021 nous formulons des vœux de santé et de prospérité à l’endroit de l’ensemble des acteurs de la santé sans lesquels l’année 2020 aurait pu être plus difficile que celle vécue par nos compatriotes.
Sans nul doute, l’année 2020 qui a été dure pour les populations a été une année durant laquelle tous les systèmes de santé du monde ont été rudement éprouvés par la pandémie de la Covid-19; ce qui n’a pas été sans conséquence pour les personnels soignants. Ces derniers ont payé un lourd tribut de cette pandémie. Ainsi, ces vaillants soldats, quoique désarmés quelques fois, ont mené de la plus belle manière cette guerre sanitaire au prix de leur vie et de leur patrimoine. A cet égard, aucun « homme de l’année » ne saurait être étranger aux professions médicales et paramédicales.
Par conséquent, à défaut de choisir tout le personnel de santé comme « Homme de l’année », pour la symbolique et pour ses compétences et surtout son action (nous y reviendrons), Infomed Magazine a porté son choix sur le Professeur Moussa Seydi.
Nous aurions pu choisir cet infirmier ou cette sage-femme officiant à des centaines de kilomètres de la Capitale dans des conditions qui frisent le dénuement. Ce qui n’émousse guère sa ferme volonté de servir.
Nous aurions pu choisir ce directeur d’hôpital qui vieillit sous le poids d’une pression causée par le paradoxe qui consiste à assurer une autonomie financière à une entreprise dont l’activité principale est de faire du social.
Nous aurions pu choisir cet interne qui, malgré le chemin aussi rugueux que sélectif qui le mène à l’internat des hôpitaux, se retrouve dans une précarité après sa formation car ne disposant pas de recrutement. Ce qui ne l’empêche pas d’être parmi les chevilles ouvrières des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU).
Nous aurions pu choisir cette matrone ou cet agent de santé communautaire (ASC) qui, nonobstant la tâche ardue qui est la sienne, s’est vu sa modique pitance amputée par l’avènement des comités de développement sanitaire. Ce qui ne l’empêche pas de servir dans la dignité, même si il souffre.
Nous aurions pu choisir ce médecin qui, même dans la misère, continue à prodiguer des soins consciencieux, le plus souvent dans des conditions exécrables.
Nous aurions pu choisir ce syndicaliste ou cet activiste qui, à force de dénoncer les innombrables carences et/ou défaillances de l’Etat dans le secteur de la santé, a fini par être catalogué comme un opposant politique.
Nous aurions pu choisir ce médecin en spécialisation ou cet étudiant qui, sans couverture maladie ni rémunération est exploité par ce système saugrenu qui l’expose sans protection aux risques les plus graves sans qu’il le droit de broncher sous prétexte qu’il est en formation. Ces « apprenants » exploités et exposés constituent la véritable force qui fait fonctionner les CHU.
Nous aurions pu choisir ce ministre de la santé qui, quoique démuni car fonctionnant avec moins de 8% du budget national et moins de 7% des fonds alloués à la riposte contre la covid-19, a su obtenir des résultats salués à travers le monde.
Nous avons choisi Pr Moussa Seydi parce d’une part parce qu’il le mérite comme tout autre agent de santé et d’autre part parce que son action est de notoriété publique. Professeur Seydi a marqué les esprits avertis, moins du fait de son œuvre dans la lutte contre la Covid-19 qui est l’émanation de sa fonction, que par le fait de deux actes forts remarquables qu’il a eu à poser.
Le premier est sa position de lanceur d’alerte à l’occasion de sa mémorable visite au centre de traitement épidémique (CTE) de l’hôpital de Ziguinchor. Le soldat Seydi avait secoué la République en dénonçant publiquement le manque de matériels notamment l’absence de respirateur artificiel dans le service de réanimation. Malgré quelques velléités de discréditation, le ministère de la santé avait fini par s’exécuter. Ce qui fut salvateur pour les populations de la zone sud du pays.
Le deuxième acte non moins important est l’érection, pour la première fois 60 ans après notre indépendance et plus de 100 ans après la création de l’école de médecine de Dakar, d’un service des maladies infectieuses digne de ce nom au Sénégal, inauguré mardi dernier. Ce joyau qui a couté 4 milliards de francs CFA est à la pointe de la technologie biomédicale et du génie civil. Cette belle bâtisse belle n’allait jamais sortir de terre si le professeur Seydi s’était limité à son rôle de fonctionnaire et d’enseignant chercheur. Il a fallut qu’il se mue en entrepreneur pour aller démarcher des bailleurs et des donateurs pour le financement de son projet de construction d’un service de maladies infectieuses. C’est ce fondement solide qui a permis au Président de la République de compléter le budget de cet important projet.
En ce qui concerne l’homme et son parcours-déjà racontés-, nous nous limiterons à partager ce portrait-ci.