I – QU’EST-CE QU’UNE UNITÉ NEURO-VASCULAIRE (UNV) ?
Une UNV est une unité spécialisée dans la prise en charge des Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC). Elle prend en charge en urgence 24 h/24h et 7 jours/7 jours les patients ayant un AVC.
II – QUEL EST LE BÉNÉFICE DE l’UNV ?
– L’AVC est la deuxième cause de mortalité dans le monde, avec 6,7 millions de décès/an. Pendant les 30 premiers jours suivant un AVC, un patient sur quatre décèdera. Pour les patients survivant à la période aigüe, 40% seront décédés à 5 ans.
– Une compilation de plusieurs études en 2000 a démontré une réduction de 17% du risque de décès et de 25% du critère combiné « décès et dépendance » chez les patients victiles d’accident vasculaire cérébral ayant bénéficié d’une filière de prise en charge neuro-vasculaire.
III – COMMENT EST ORGANISÉE UNE UNV ?
– Ces unités sont composées d’un personnel pluridisciplinaire formé à l’AVC : médecins formés à la pathologie neuro-vasculaire, cadres de santé, infirmiers, aides-soignants, de kinés, d’orthophonistes, d’assistants sociaux, etc.
– Pour l’instant, nous n’avons pas les moyens et la possibilité d’avoir des unités neuro-vasculaires dans nos hôpitaux. Cependant, nous pouvons bel et bien mettre en place une filière neuro-vasculaire de prise en charge optimale des victimes d’AVC. Il a été démontré, que la création d’une filière neuro-vasculaire d’accueil direct et de thrombolyse est accompagnée d’une amélioration de la qualité des soins, avant même la création d’une unité neuro-vasculaire répondant aux recommandations.
– Elle permettrait de nous faire vivre une révolution dans la prise en charge d’une maladie avec un pronostic actuellement très sombre : l’accident vasculaire cérébral (AVC) d’origine ischémique, c’est-à-dire provoqué par un caillot venant boucher une artère irriguant le cerveau (soit 85 % des AVC).
– En effet, grâce à une telle filière et aux traitements innovants que sont la thrombolyse qui se fait actuellement très souvent au Sénégal, nous devrions être capables de guérir des victimes d’AVC actuellement condamnées à mourir ou à souffrir de lourds handicaps.
– La thrombolyse, aujourd’hui réalisable presque partout sur le territoire, correspond à l’injection d’un traitement qui dissout le caillot : elle doit être mise en œuvre dans les quatre heures trente suivant le début des symptômes. Délai tout à fait réaliste actuellement.
IV- QU’EST-CE QU’IL NOUS FAUT ?
1 – Un service d’urgences avec des urgentistes spécialement formés à la thrombolyse. Ils en font déjà sur des infarctus du myocarde.
2 – Des “sites de téléAVC”: Des structures de santé ou d’imagerie médicale, équipées d’un scanner accessible 24 h sur 24. Tout à fait réalisable.
3 – Un neurologue de garde, joignable 24 h sur 24, l’examen se fait par vidéo en présence de l’urgentiste et les images du scanner sont transférées au neurologue, ce qui leur permet de prendre une décision conjointe.
– Si la thrombolyse est décidée, elle est réalisée par l’urgentiste, le Samu National est prévenu pour transférer ensuite le patient dans une structure capable de l’accueillir.
VI – EN RÉSUMÉ
– Nous sommes théoriquement capables de mettre en place une filière neuro-vasculaire performante, même en l’absence d’unités neuro-vasculaires. Il s’agira ensuite de se battre pour une éducation des populations sur l’appel précoce et l’intégration du plus grand nombre dans cette filière, en raccourcissant les délais de prise en charge encore souvent très longs.
VII – SOURCES :
– S. Debiais. Création d’une filière neuro-vasculaire régionale : évaluation de la prise en charge à 18 mois – 26/04/08.
– S. Vannier-Bernard. Ann. Fr. Med. Urgence (2015) 5:207–213
– Alexis Schnitzler. Handicap dans les suites d’un accident vasculaire cérébral : étude de prévalence et impact des filières de soins. Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines.
(Image de notre collègue radiologue, le Dr Ndao de dos).
Dr Boubacar Signaté
Médecin Urgentiste
SOS Médecin Sénégal