8 Mars, Journée internationale de la femme. Prétexte ne pouvait être meilleur pour passer en revue le quotidien de la femme. Commémorer c’est bien, remémorer n’est point mauvais, surtout s’il s’agit de revoir les étapes de sa marche vers les cimes du bien-être. Car en ce jour encore, comme tous les autres et au grand mépris de nos initiatives, des maux vont encore entraver les marches du quotidien de ces porteuses et donneuses de vie.
1. La pénible marche du cancer du sein:
Cette grande tueuse silencieuse et appauvrissante ne sera surement pas à la fête, persévérant sans répit, même pas le temps d’un 8 mars, à ôter de notre affection de braves femmes, souvent à la fleur de l’âge et qui ne demandent qu’à vivre. Chaque année cette faucheuse qui détient le triste et maudit record de première cause de décès par cancer chez la femme mérite bien qu’on lui fasse la fête. La réprimer n’est point chose aisée quand elle nous surprend, mais bien aisée si nous prenions les devants et avec comme armes l’autopalpation des seins qu’il revient à chaque femme de faire vers le dixième jour du cycle menstruel. Toute perception inhabituelle à cette occasion d’une masse anormalement dure doit sonner l’alerte. Dans un contexte de couple et par solidarité, l’autopalpation peut bien se substituer en palpation des seins par le conjoint avec la seule indication médicale (que nous préconisons ici !) de recherche de boules suspectes. Rappeler à notre braves femmes la nécessité de faire une mammographie autour de la quarantaine obéit à cette logique.
2. La marche glissante du cancer du col
Premier dauphin du pré-cité, bien d’aplomb sur la deuxième marche du podium macabre, ce mal, signalé comme deuxième cause de décès par cancer chez la femme mérite méditation. Très accessible à la prévention, il reste inadmissible qu’il continue de faire ses ravages. Un simple frottis cervi-vaginal, effectué chaque année ou deux, chez la femme en activité génitale aiderait massivement à le juguler. Toutefois, force est de signaler que cet examen est loin d’être géographiquement accessible à nos femmes, car existant juste dans la capitale et certains hôpitaux de chef lieux de régions ou de départements, laissant ainsi dangereusement une bonne frange de la population à la merci (pardon pour le mot) de ce terrible fléau. La prévention n’est point une affaire de communication. C’est d’abord et avant tout une question d’offre de ce service qui doit être disponible et systématique dans tous les centres de sante.
3. L’accouchement
Perdre la vie en donnant la vie reste encore une belle formule dramatique. Chaque 8 mars, comme chaque jour ordinaire, dans le monde entier, un nombre inacceptable de femmes font les frais de l’accouchement au prix de leur vie. Pour la majeure partie, un ennemi hors du commun, sanguinaire au point d’en porter le nom, l’hémorragie vient en tête de ce peloton de la mort. La riposte qui nous incombe tient de cette générosité collective et récurrente que matérialise le don de sang. Le faire en ce jour aurait le sens de donner du soi pour elles. Par ailleurs, bénéficier d’un accouchement correctement assisté reste encore un luxe en zone rurale.
4. Mortinatalité
Perdre son produit de conception après autant de mois et de peine constitue incontestablement une grosse déception. Elle reste le fruit d’un besoin insatisfait de soins. A ce jour la césarienne reste encore un véritable luxe, obligeant certaines femmes de devoir faire plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres, et souvent avec des moyens de locomotion de fortune, dans l’espoir de sauver leur grossesse ou leur vie. En ce 8 mars, une pensée pieuse s’impose pour toutes ces femmes.
5. Fistule
Ici la femme donne la vie en perdant la vie tout en restant en vie. Car au décours de ce passage noble qu’est l ‘accouchement, la jeune mère se retrouve dans une long nuit noire et cauchemardesque, davantage assombrie par le mépris et le rejet de sa société. Cette journée est aussi la leurre.
6. Infertilité
Injustement mises au ban d’une société qui fait de la progéniture une obligation de résultat pour le ménage, nombreuses en souffrent le martyr. Leur faute et à elles toutes seules, n’avoir jamais conçu ! Parce que bien souvent, et ce de plus en plus, le problème incombe aux hommes, qu’il n’est point superflu en ce jour de prôner une meilleure attention et un plus grand soutien pour celles là qui donneraient tout pour procréer au grand bonheur conjugal. Quoiqu’ il en soit, respect leur est dû.
7. violences basées sur le genre
Aux victimes de ce drame social, que cette journée apporte la force morale de transcender cette pénible situation avec le soutien sans faille de toute la société.
8. Prématurité
A ce jour et sous nos cieux tropicaux, naitre en prématurité va de pair avec mourir prématurément, faute d’unités de néonatologie dans plusieurs contrées.
Ainsi va la vie avec son lot d’impairs, et la journée internationale de la femme reste après tout une journée d’espoir… celui d’inaugurer des lendemains encore meilleurs pour toutes les femmes d’ici et d’ ailleurs.
Dr Cheick Atab BADJI
(chronique du mercredi 8 mars 2017 sur walfnet)