Après une année scolaire et universitaire perturbées par la pandémie, la nouvelle rentrée 2021-2022 se prépare avec la même hantise : la Covid-19. A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a entamé sa campagne vaccinale en février dernier. Campagne qui jusqu’ici ne suscitait et ne suscite toujours pas un enthousiasme particulier de la part des populations. Toutefois, le ministère de la Santé et de l’Action sociale, depuis quelques jours, s’intéresse précisément à une catégorie de la société dans le cadre cette campagne. Il s’agit des élèves, étudiants et enseignants.
Lors de la cérémonie de réception de lots de 158.400 doses de vaccins Johnson And Johnson acquis sur fonds de l’Etat (financé par la Banque mondiale) via VAT et de 38.400 doses de vaccins Astrazeneca du Royaume de Belgique via Covax, il y a quelques jours, le ministre de la Santé et de l’Action médicale, Abdoulaye Diouf Sarr, avait annoncé une stratégie vaccinale en perspective de la rentrée scolaire et universitaire, et qui ciblerait les enseignants, les élèves et les étudiants.
« Nous allons travailler dans une stratégie de ciblage plus affinée, parce que dans la perspective de l’ouverture des classes et la rentrée académique, nous allons faire en sorte que tous les enseignants et les étudiants soient vaccinés avant de rejoindre les classes et les universités« , avait déclaré Abdoulaye Diouf Sarr. Le ministre ne dit pas expressément qu’il y aura une obligation vaccinale pour cette couche sociale. Mais sa déclaration en a tout l’air.
Alors que l’on s’approche davantage de l’ouverture des classes, Abdoulaye Diouf Sarr a sorti une circulaire à destination des médecins-chefs de régions, les médecins-chefs de districts ainsi que les gouverneurs de régions, invitant les équipes des unités de vaccination de leurs structures à intégrer dans leur stratégie de vaccination des enseignants et élèves en âge d’être vaccinés.
La circulaire datée du 15 septembre 2021 invite les médecins-chefs de régions et les médecins-chefs de districts à collaborer avec les inspections d’académie et les inspections d’éducation à la formation à prendre en compte dans leur stratégies de vaccination de proximité, ces cibles considérées comme prioritaires à la vielle de cette rentrée prévue pour octobre.
Bien que l’obligation vaccinale ne soit pas encore à l’ordre du jour, le libellé de la circulaire donne l’impression que c’est le cas. Contacté par Infomed, le coordonnateur du programme élargi de vaccination a indiqué que pour le moment au « Sénégal, il n’y a pas d’obligation vaccinale » que les messages du ministre de la santé ne sont que des recommandations.
En tout cas même s’il arrivait que l’obligation vaccinale soit proclamée légalement au Sénégal l’Etat fera face sans doute à la résistance féroce de certains citoyens. En effet, beaucoup de Sénégalais et bien d’autres africains affichent une très grande méfiance vis-à-vis du vaccin pour tout un tas de raisons.
Dans un micro trottoir réalisé par AfricaGlobe Tv plus de 90% des personnes interrogées n’étaient pas vaccinées. Mais surtout affirmaient très clairement qu’ils ne vont pas le faire ou n’ont pas l’intention de le faire. La raison récurrente pour tous c’est qu’elles « n’ont pas confiance à ces vaccins ». Elles précisent que si elles étaient contraintes et forcées, notamment par une loi, ce serait la mort dans l’âme qu’elles obtempèreraient.
Avec de telles positions tranchées, l’on se demande comment le ministre va-t-il s’y prendre pour atteindre ses objectifs de vacciner les enseignants, étudiants et élèves. D’ailleurs, après la sortie de la circulaire du ministère de la Santé, des médecins n’ont pas manqué de relever la précipitation du ministre. Pour eux, le ministère de la Santé a fait une erreur de communication parce qu’il aurait dû attendre que le ministère de l’Éducation dont relève les écoles et universités discute avec les syndicats de l’enseignement avant toute chose.
Sur le site du ministère de la Santé, à ce jour, 73.588 ont été déclarés positifs dont 68.811 guéris, 1.842 décès et 2.934 sous traitement. A la date du jeudi 16 septembre 2021, le nombre de personnes vaccinées -ayant reçu au moins une dose- à ce jour est de 1.210.891 sur une population d’environ 17 millions d’habitants.
Frédéric ATAYODI (Infomed Magazine)