Le débat sur la formation à distance s’est invité dans l’arène publique depuis que l’UCAD et d’autres universités ont basculé par nécessité dans le distanciel en prévision d’un horizon de reprise en présentiel encore flou à ce jour.
Il faut reconnaître que l’environnement est complexe, car les différentes parties se réorganisent, affinent leurs agendas, ajustent leurs budgets financiers, sous la pression des amicales des étudiants et des syndicats d’enseignants, pour ne citer que ceux là. Alors la responsabilité des acteurs académiques doit forcément préserver la continuité pédagogique dans l’excellence académique (UCAD 1ère dans le classement des universités francophones) seule garantie capable de sauver l’année universitaire.
L’unanimité est faite sur un constat que tout le monde affirme avec beaucoup de force : il ne saurait y avoir d’année blanche. Au-delà des étudiants, des enseignants, des politiques, il était important que la cible que constituent la société civile et les parents d’étudiants en particulier soit sensibilisée à ce paradigme nouveau. Il a fallu 2 décennies pour mettre la Formation A Distance (FAD) sur orbite et créer les universités numériques.
Il est temps d’expliquer au grand public les tenants et les aboutissants de la bimodalité et de l’hybridation pour assurer et accélérer les apprentissages sur un socle de qualité, en ce moment précis où l’inquiétude s’installe concernant l’avenir des étudiant(e)s, nos frères, sœurs et enfants.
La formation à distance (FAD) est une stratégie à la fois efficace et durable, bien ancrée maintenant au Sénégal et qui permet aux étudiants d’apprendre, avec un minimum de déplacements physiques dans les universités où dans les espaces numériques d’accès à l’information selon le taux de virtualisation de la typologie des disciplines dans les facultés (20% à 80%).
Elle est de plus en plus utilisée dans le monde entier, comme réponse au sureffectif, au manque d’enseignants spécialisés, dans des contextes de crise sanitaire, sociopolitique, voire sécuritaire, et le Sénégal d’aujourd’hui vient de démontrer qu’elle ne fait pas exception !
La FAD, une solution équitable et accessible
La FAD permet de garantir l’équité de l’accès à l’éducation, quel que soit le lieu de résidence des étudiants. En effet, elle permet aux étudiants qui vivent dans des zones rurales ou éloignées d’avoir accès aux mêmes ressources pédagogiques que les étudiants qui vivent dans les grandes villes.
Cette équité est consubstantielle à l’école. Cependant, la question majeure est la suivante : comment garantir l’équité et l’accessibilité ? Dans le riche débat qui s’est instauré et auquel nous contribuons ici, des réponses concrètes ont été apportées et peuvent même être étendues eu égard aux engagements des autorités politiques. La couverture internet du Sénégal est supérieure à 95%.
Des accords avec les opérateurs de télécommunication offrent la gratuité de la connexion aux étudiants pour accéder aux plateformes techno-pédagogiques de l’ensemble des établissements. Là aussi, pour le choix de l’équipement, un smartphone de modeste performance suffit pour participer aux activités pédagogiques.
Plusieurs enquêtes confirment la disponibilité de téléphones mobiles pour les étudiants. Cependant, des dispositifs d’acquisition sont mis en place avec des opérateurs démarchés et qui acceptent de pratiquer des montages et des coûts solidaires.
L’environnement sera particulièrement favorable, car, avec l’appui et l’expertise avérée de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation (FASTEF), des Ingénieurs pédagogiques seront disponibles et prêts au renforcement des capacités de tous les enseignants qui le souhaitent en matière de scénarisation et d’évaluation en ligne.
La FAD est également une solution plus accessible financièrement pour les parents. Elle permet aux parents d’économiser sur les frais de transport, de logement et de restauration. En plus, la vie en cité universitaire peut être dangereuse. Les parents qui peuvent garder leurs enfants à la maison les protègent mieux des risques auxquels ils sont exposés en vivant en cité universitaire.
La FAD, une solution pédagogique de qualité
La FAD ne signifie nullement que la qualité de l’enseignement est inférieure à celle de l’enseignement en présentiel. Au contraire, les cours en ligne sont souvent très bien conçus et utilisent des technologies innovantes pour favoriser l’apprentissage.
D’ailleurs, la très crédible ANAQ-SUP, dans sa stratégie d’évaluation de la qualité des formations de l’enseignement supérieur, applique une égale dignité entre les formations présentielles et distancielles. Les cours en ligne permettent aux étudiants de bénéficier d’un accompagnement personnalisé de la part de leurs tuteurs.
En effet, selon une charte signée, les enseignants sont disponibles et assignés pour répondre aux questions des étudiants par vidéoconférence en synchrone ou par e-mail et forum en asynchrone.
La FAD, une solution ouverte sur le monde
La FAD présente plusieurs avantages : elle permet aux étudiants de bénéficier d’une formation de qualité, quel que soit leur lieu de résidence. Elle leur permet également de se connecter à des espaces de formation du monde entier et d’obtenir de la sorte des certifications ou des diplômes internationaux.
Pour les parents désireux d’envoyer leurs enfants à l’étranger dans la quête d’obtention d’un diplôme à l’extérieur, la FAD est une alternative abordable et crédible. La FAD est donc une solution durable pour l’éducation et la formation des étudiants sénégalais. Elle permet de garantir l’équité, l’accessibilité, la qualité et une insertion professionnelle ouverte sur le monde bien au-delà de la zone de chalandage d’emplois du Sénégal
En conclusion, nous avons eu confiance au système présentiel qui a très largement contribué à la formation de l’élite africaine ces six dernières décennies. Concernant le distanciel, il faut oser et s’y plonger dans la confiance rassurante de la gouvernance académique contemporaine qui a conscience des défis de l’heure et de la responsabilité à former l’élite des générations futures. Ce n’est nullement une aventure, car nous avons conscience de l’ensemble des problèmes et des enjeux qu’il faut absolument prendre en compte.
Notre position est le résultat d’une analyse lucide de la situation. Alors, acceptons de nous adapter à ce monde qui a changé et offrons, via les usages intelligents du numérique, le meilleur à nos étudiant(e)s.
Claude LISHOU
Directeur de l’Institut Supérieur de Formation à Distance de l’UCAD