Initié depuis 1958, le Concours des internes des hôpitaux, qui permettait la sélection des futurs spécialistes destinés aux fonctions d’enseignants universitaires, de chercheurs et de praticiens hospitaliers de haut niveau, est en phase de révision. En conclave à Saly hier, Dr Aïssatou Diop, Conseillère technique numéro 2 de la ministre de la Santé et de l’action sociale, a souligné que le programme du Concours de l’internat de toutes les universités du Sénégal, aussi bien l’Ucad que les Ufr santé de Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor et Bambey, sera révisé. «Le Concours d’internat est un concours prestigieux en Afrique, et le programme date de très longtemps, et comme on est dans un contexte où il y a une dynamique, où le profil épidémiologique a changé, nous sommes en transition. Il y a de nouvelles évidences, de nouvelles priorités. Donc, c’est le moment d’actualiser ce programme pour être en phase avec la réalité actuelle dans notre pays et au niveau mondial», a déclaré Dr Aïssatou Diop.
Le Concours d’internat a été organisé très tôt, à la fin des années 50 et au début des années 60, les premiers internats de médecine spécialité médicale, chirurgie spécialité chirurgicale, avaient été mis en place. L’objectif était de mettre à la disposition, de façon rapide et juste, après les indépendances, des spécialistes. Le Sénégal avait opté de mettre en place des généralistes, de la gynéco-obstétricale, mais également d’autres spécialités pour mettre en place une bonne distribution de médecins généralistes et spécialistes au niveau de toutes les régions.
Ce concours étant sélectif, les effectifs ont été particulièrement modestes dans les années 60 à 70. «Mais c’est à partir de 1980 qu’il y a eu un recrutement beaucoup plus important mais le concours reste difficile pour les étudiants», renseigne Pr Momar Codé Ba, chef du service de neurochirurgie du Chu de Fann et vice-Doyen à la Faculté de médecine, pharmacie et odontostomatologie de l’Ucad.
D’ailleurs, il a précisé que du fait que ce programme est désuet, il fallait le réviser. «Aujourd’hui, le paysage médical de 1960 au Sénégal ne correspond pas au paysage en 2023. C’est pourquoi le contenu doit être modifié, parce qu’il y a de nouvelles maladies. Avant, il y avait les maladies infectieuses, mais maintenant, il y a le diabète, la tension, d’autres affections qui ne sont pas transmissibles, et donc, il faut adapter le programme à la résolution des problèmes médicaux de maintenant. Il y a aussi de nouvelles techniques avec de nouvelles maladies qui sont arrivées comme le Covid, le Hiv, et tout ça doit être intégré de façon dynamique et de façon globale», ajoute-t-il.
Ainsi, cette nouvelle réforme des programmes du concours veut avoir désormais des nouveaux programmes en médecine, des spécialités chirurgie spécialiste, mais également dans les sciences fondamentales, l’anatomie et la biologie. «Il faut les modifier et proposer de nouveaux contenus dans l’intitulé des sujets, mais également de nouvelles méthodes de correction, de nouvelles méthodes de poser des questions, entre autres. C’est un travail de fourmi qu’il faut faire, nous avons des commissions qui travaillent dessus et nous remercions le ministère de la Santé. Il organise le Concours d’internat, mais il y a une sorte de tutelle technique qui est assurée par des enseignants au niveau de l’université. Donc, c’est une sorte de collaboration nécessaire entre les deux pour que le produit soit mis à disposition», rappelle Pr Momar Codé Ba.
Ce comité espère mettre en œuvre les réformes de ce concours qui se fait à partir de la 4ème année de médecine, en 2024. «Nous espérons que le nouveau programme sera mis en place. Ça a déjà pris du temps, mais c’est tout à fait possible. Pour 2023, c’est trop tard, mais on peut avoir comme objectif 2024 et profiter de ce petit temps qui reste pour élaborer les textes, et le mettre dans le circuit et espérer les différents cachets et signatures. Chaque année, le concours est organisé au mois de décembre, l’objectif, c’est de former des Sénégalais. C’est un concours international, il y a un quota pour les autres nationalités», assure-t-il.
Ce concours, qui est très sélectif, affiche des taux de réussite qui avoisinent les 40 à 60%. «C’est d’une année à l’autre, nous, notre promotion d’internat, sur 100 candidats, il y a eu 6 qui ont réussi. Maintenant, les effectifs sont en train de monter et le taux de réussite est autour de 40 à 60%, les effectifs sont de plus en plus importants», conclut-il.
Avec 📎 Le quotidien