L’unité de télémédecine de la deuxième ville de Côte d’Ivoire révolutionne la prise en charge des malades du cœur.

Depuis 2014, plus de 10 000 cas ont fait l’objet d’une télé-expertise. Soit plus d’un million de kilomètres de trajets évités épargnés aux patients et à leurs familles. Avant la télé-ECG, un patient parcourait en moyenne 177,7 km pour ses soins. Rien qu’entre janvier 2015 et décembre 2017, 6045 patients ont été traités par l’unité de télémédecine de Bouaké, révèle une analyse médico-socio-économique publiée en septembre 2020. Issus pour la plupart des zones rurales, éloignés des centres spécialisés, les patients du centre, du nord et de l’ouest du pays, sont aujourd’hui débarrassés des frais de déplacement et d’hébergement. L’électrocardiogramme, qui coûtait entre 12 et 15 euros, leur revient dorénavant à 9 euros. L’unité, installée au sein du centre hospitalier de Bouaké, ville située à 349 kilomètres d’Abidjan, est reliée à 22 centres hospitaliers par le biais de Cardio+. Cette plateforme digitale centralise les examens et les informations sur les cas traités, et est accessible aux praticiens de ces centres, comme aux cardiologues. Selon le Dr Florent Diby, responsable de cette unité, des pathologies cardiovasculaires réputées rares autrefois en Afrique subsaharienne, comme l’infarctus du myocarde, la fibrillation atriale et l’hypertension artérielle compliquée d’une hypertrophie ventriculaire gauche, ont ainsi pu être découvertes chez les patients. Elles sont sans doute liées à un changement de mode de vie, plus sédentaire, et une alimentation plus riche en sel et en graisse, et sont encore sous-diagnostiquées sur le continent. L’initiative devrait être étendue à d’autres spécialités, psychiatrie, dermatologie ou ophtalmologie.
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