Face aux défis persistants en matière de santé buccodentaire, le Sénégal renforce ses efforts pour améliorer l’accès aux soins et sensibiliser la population. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé buccodentaire, une cérémonie officielle a réuni à Dakar des experts du domaine, des autorités sanitaires et des acteurs de la société civile. Objectif : faire de la santé buccodentaire une priorité nationale et garantir un accès équitable aux soins pour tous. Sous la direction de M. Serigne Mbaye, secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale, cet événement a permis de mettre en lumière les avancées réalisées ainsi que les défis à relever pour une meilleure prise en charge des maladies buccodentaires.
La cérémonie officielle de la Journée mondiale de la santé buccodentaire, tenue ce mercredi 20 mars 2025 à Dakar, a réuni des professionnels de la santé, des représentants d’organisations internationales, des décideurs politiques et des membres de la société civile. Sous la direction de Codou Badiane, cheffe de la division bucco-dentaire au ministère de la Santé et de l’Action sociale, et de Serigne Mbaye, secrétaire général du même ministère, l’événement a mis en lumière l’importance de la santé buccodentaire comme indicateur clé du bien-être.
Dans son allocution, Mme Badiane a rappelé que les maladies buccodentaires, bien que non transmissibles, touchent plus de 3,5 milliards de personnes dans le monde, avec une prévalence mondiale estimée à 45 %. Elle a insisté sur la gravité des caries dentaires, des maladies parodontales et des cancers de la bouche, qui représentent une lourde charge pour la santé publique, en particulier dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. « La santé buccodentaire n’est pas un luxe, mais une nécessité pour garantir une qualité de vie optimale », a-t-elle déclaré.

De son côté, M. Mbaye a souligné que la santé buccodentaire est trop souvent reléguée au second plan, alors qu’elle est essentielle à la qualité de vie. Il a rappelé que les affections buccodentaires sont souvent liées à d’autres pathologies chroniques, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires, ce qui en fait un enjeu de santé publique majeur. « Une bouche en bonne santé est le reflet d’un corps en bonne santé », a-t-il affirmé.
Un fardeau sanitaire et économique pour les populations
Les deux intervenants ont mis en exergue le double fardeau des maladies buccodentaires : sanitaire et économique. Codou Badiane a présenté les données des enquêtes STEPS de 2015 et 2022, révélant que les soins dentaires restent coûteux et difficilement accessibles pour de nombreuses populations. Elle a déploré les dépenses catastrophiques supportées par les ménages, qui peuvent entraîner des situations de surendettement ou de renoncement aux soins. « Les soins dentaires ne devraient pas être un privilège réservé à une minorité, mais un droit accessible à tous », a-t-elle insisté.
Serigne Mbaye a abondé dans le même sens, soulignant les inégalités d’accès aux soins dentaires. Il a noté que Dakar concentre la majorité des infrastructures et des professionnels de santé, tandis que les zones rurales souffrent d’un manque criant de ressources humaines et matérielles. Cette disparité géographique, a-t-il insisté, constitue un obstacle majeur à l’équité en matière de santé buccodentaire. « Nous devons agir pour que chaque Sénégalais, où qu’il se trouve, puisse bénéficier de soins dentaires de qualité », a-t-il déclaré.
Facteurs de risque et conséquences sur la santé générale
Les interventions ont également mis en avant les facteurs de risque des maladies buccodentaires, notamment la consommation excessive de sucre, le tabagisme, l’alcoolisme et une mauvaise hygiène dentaire. Codou Badiane a rappelé que ces affections peuvent avoir des conséquences graves sur la santé générale, allant de l’inflammation chronique à des complications cardiovasculaires, pulmonaires et rénales. « Les maladies buccodentaires ne sont pas isolées ; elles ont un impact systémique sur l’organisme », a-t-elle expliqué.

Serigne Mbaye a ajouté que les maladies buccodentaires ne se limitent pas à des problèmes locaux. Chez les enfants, par exemple, elles peuvent entraîner des difficultés d’apprentissage en raison de la douleur et de la gêne qu’elles provoquent. « Un enfant qui souffre de caries ou d’infections buccales ne peut pas se concentrer à l’école. Cela affecte son avenir et, par extension, celui de notre pays », a-t-il souligné. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la prévention et la sensibilisation, notamment à travers des campagnes d’information sur les bonnes pratiques d’hygiène bucco-dentaire.
Stratégies nationales et internationales pour une meilleure santé buccodentaire
Codou Badiane a présenté les avancées réalisées au niveau mondial, notamment la stratégie et le plan d’action de l’OMS pour la santé buccodentaire 2023-2030. Elle a expliqué que cette initiative vise à renforcer la prévention et l’accès à des soins de qualité, et que le Sénégal s’inscrit pleinement dans cette dynamique avec son Plan stratégique national de santé buccodentaire 2022-2026. « Nous travaillons à intégrer la santé buccodentaire dans les politiques de santé publique, en mettant l’accent sur la prévention et l’éducation », a-t-elle déclaré.
Elle a également annoncé que le Sénégal a été choisi comme pays pilote dans un projet financé par le Fonds mondial pour l’Environnement, visant à réduire progressivement l’utilisation des amalgames dentaires et à améliorer la gestion des déchets contaminés. « Ce projet est une opportunité pour moderniser nos pratiques et protéger à la fois la santé des patients et l’environnement », a-t-elle ajouté.
Serigne Mbaye a salué ces initiatives, tout en rappelant que leur succès dépendra de la mobilisation de toutes les parties prenantes. Il a insisté sur l’importance de moderniser les infrastructures, de former davantage de professionnels de santé et d’intégrer pleinement la santé buccodentaire dans les soins de santé primaires. « Nous devons investir dans la formation des chirurgiens-dentistes et dans l’équipement des structures de santé, en particulier dans les zones rurales », a-t-il affirmé.
Le noma, maladie gangréneuse de la bouche et du visage touchant principalement les enfants vivant dans l’extrême pauvreté, a été mis en avant lors de la Journée internationale de la santé buccodentaire. Endémique en Afrique subsaharienne, cette infection fulgurante entraîne de graves mutilations faciales et une forte stigmatisation sociale pour les survivants. Pourtant, un diagnostic précoce permet d’enrayer la maladie efficacement.Cette mise en lumière vise à sensibiliser les autorités sanitaires et le grand public sur l’urgence d’une prise en charge préventive et curative, afin de sauver des vies et redonner de l’espoir aux enfants affectés.
Défis persistants et appel à l’engagement collectif
Malgré les progrès réalisés, les deux intervenants ont reconnu que de nombreux défis restent à relever. Codou Badiane a déploré l’insuffisance de ressources humaines et matérielles, ainsi que la concentration des chirurgiens-dentistes à Dakar. Elle a également souligné le besoin pressant de moderniser les équipements et d’améliorer la surveillance épidémiologique des affections buccodentaires. « Nous devons collecter des données fiables pour mieux comprendre l’ampleur du problème et y répondre efficacement », a-t-elle expliqué.
Serigne Mbaye a ajouté que le coût élevé des soins dentaires et les inégalités d’accès aux soins constituent des obstacles majeurs. Il a appelé à un engagement renforcé des acteurs du secteur de la santé, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des communautés, pour faire de la santé buccodentaire une priorité de santé publique. « La santé buccodentaire est l’affaire de tous. Chacun doit jouer son rôle, du gouvernement aux citoyens, en passant par les professionnels de santé », a-t-il déclaré.
Vers une santé buccodentaire équitable pour tous
La cérémonie s’est conclue sur un appel à l’action. Codou Badiane et Serigne Mbaye ont invité chaque citoyen à prendre soin de sa santé buccodentaire en adoptant des gestes simples : une alimentation équilibrée, un brossage régulier et des consultations périodiques chez le dentiste. « Des gestes quotidiens peuvent prévenir la plupart des maladies buccodentaires. La prévention est la clé », a rappelé Mme Badiane.
M. Mbaye a quant à lui insisté sur la nécessité de renforcer la collaboration entre les différents acteurs pour garantir un accès équitable aux soins. « Nous devons travailler ensemble pour que chaque Sénégalais, quel que soit son lieu de résidence ou son niveau de revenu, puisse bénéficier de soins dentaires de qualité. C’est un défi, mais c’est aussi une opportunité pour améliorer la santé et le bien-être de notre population », a-t-il conclu.

Avec des initiatives ambitieuses et un engagement collectif, le Sénégal espère faire de la santé buccodentaire une priorité nationale, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie de millions de citoyens.
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