L’Etat du Sénégal, par le biais du ministère des finances et particulièrement de la douane, a procédé à l’augmentation des prix de certains produits pharmaceutiques. Une décision scandaleuse doublée d’une grande farce, selon le pharmacien, Dr Mar Fall, qui invite ses collègues pharmaciens, en plus de retourner les produits concernés, à une bataille farouche en baissant les rideaux des officines et décréter une journée sans médicament.
L’enregistrement d’un médicament avant commercialisation se fait sur la base d’un dossier déposé auprès de l’autorité compétente (DPM). Ce dossier est évalué par une commission technique multidisciplinaire avant l’émission de la décision par l’autorité compétente. Maintenant après validation, Toute variation affectant la dénomination, la composition, le processus de fabrication, le site de fabrication, le conditionnement, l’emballage, l’étiquetage, le prix, la conservation d’un produit fait l’objet d’un nouvel enregistrement car c’est des variations majeures. Malheureusement, avec ce problème de hausse subite, l’autorité compétente (DPM) dit ne pas être au courant donc de telles décisions ont été prises à son insu. Les pharmaciens aussi ne l’ont constaté qu’après avoir effectué des commandes. Un vrai scandale, selon le pharmacien, Dr Mar Fall qui pense qu’il faudrait analyser cette situation en ayant en ligne de mire le contexte du plan de résilience économique post covid-19. En effet, dit-il, « l’Etat par le biais du ministère des finances d’une manière générale et de la Douane d’une manière particulière, cherche à remplir les caisses. Ces derniers outrepassent leurs fonctions tout en biaisant les textes fondamentaux qui régissent un domaine aussi sensible que la pharmacie ouvrant une brèche et consolidant le marché illicite des médicaments ». En des termes plus clairs, Dr Fall accuse ainsi la Douane qui aurait déclassé certains produits qu’elle ne considère plus comme des médicaments en y affectant des taxes. Une augmentation de taxe que les grossistes répartiteurs n’ont pas acceptée. Ce sont ces derniers qui approvisionnent les pharmacies d’officines ; ils ont fini par céder sous la pression des autorités douanières qui ont gardés longtemps leurs conteneurs au niveau du port et avec les taxes appliquées à ces produits. C’est normal qu’il y’ait une hausse et les pharmaciens n’en ont pour rien et l’ultime responsable reste l’Etat par le biais de la Douane. Ce qui d’ailleurs n’est pas un fait nouveau, selon toujours ce professionnel du médicament qui souligne que ce problème existait en 2011 et que le premier ministre d’alors avait réussi à le régler sans tambour ni trompette. Non sans souligner que « ce n’est vraiment pas du ressort de la Douane de classer ou de déclasser des médicaments. Si c’est la Douane qui doit apprendre aux pharmaciens ce qui est médicament et ce qui ne l’est pas, il y’a vraiment de quoi avoir peur pour ce pays ».
En attendant que l’Etat revienne sur cette décision, le syndicat des pharmaciens privés du Sénégal a pris la ferme décision de faire retourner aux grossistes tous les produits qui ont subi une hausse jusqu’à nouvel ordre. Mais pour Dr Mar Fall, cette décision qui vise à retourner des produits ne suffit pas. Il reste convaincu que le problème ne se règle pas dans les bureaux. Il ne mâche pas ses mots. « Il faut plutôt une bataille farouche en baissant les rideaux des officines puis décréter une journée sans médicament. Car, dit-il, ce n’est pas normal que la population qui constitue le dernier maillon de la chaîne endosse toutes ces taxes.
Ce pharmacien parle d’un paradoxe doublé d’une farce orchestrée par un gouvernement qui dit s’être lancé dans une guerre contre le marché illicite du médicament pour revenir rajouter des taxes jusque-là inexplicables sur les prix de ces produits pharmaceutiques. Ce qui à ses yeux reste une vraie menace du monopole pharmaceutique. D’après ses dires, ce phénomène est extrêmement grave et expose la population à une insécurité sanitaire, pour ne pas dire un véritable problème de santé publique. « C’est une brèche qui sera exploitée par les pourvoyeurs du marché illicite et l’Etat sera entièrement responsable », s’est-il indigné tout en martelant ceci : « Dans un pays qui se respecte on ne joue pas avec la santé des populations et le pharmacien est le seul garant du médicament ».
Maïmounatou (Infomed Magazine)
Vous avez tout dit cher confrère,rien à ajouter.Que le SPPS sache que le vrai responsable est le gouvernement via le MSAS .