Si l’on sait tous qu’être ministre de la santé nécessite des aptitudes en développement de politiques de santé publique adaptées aux besoins des populations et il n’a point besoin d’être un praticien de la santé car étant à la sphère stratégique.
Le gouvernement actuel devrait plutôt revoir le budget alloué au secteur de la santé. Il serait extrêmement difficile au tout nouveau Ministre de faire des prouesses avec ce budget. Le Sénégal est actuellement à 8% du budget national, ce qui est très loin des recommandations de l’OMS qui est de 15%. Cette augmentation devrait permettre à l’actuel Ministre de faire face aux défis majeurs.
A mon avis il urge, si l’on veut disposer d’un système de santé résilient de gérer ces questions :
1) le problème des couvertures maladies : l’on sait tous que nos concitoyens éprouvent d’énormes difficultés pour couvrir les frais médicaux dans nos différentes structures, que je trouve excessivement chers pour un pays classé parmi les 25 les plus pauvres au monde. L’on ne peut pas se permettre de se comporter en « État providence » en termes de couverture maladie. Il est essentiel de trouver un mécanisme de financement qui rendrait la souscription obligatoire aux mutuelles de santé et aux assurances maladies surtout pour ceux qui sont du secteur informel. Par exemple : prélèvement sur les cartes de crédit, les billets d’avion, la souscription à un pass internet, entre autres)
2) Revoir les politiques de gratuité qui sont mises en place afin de les améliorer.
Pour le plan sésame destiné aux personnes âgées de plus de 60 ans, cela ressemble plutôt à « du tape à l’œil » mais au fond cela ne soulage pas les patients car la partie prise en compte (analyses sanguines) est la plus facile à gérer.
Par rapport à la gratuité des moins de 5 ans, c’est l’un des facteurs contributifs à la faillite de plusieurs structures sanitaires de par l’irrégularité des remboursements.
3) Les loi 98-08 et 98-12 portant respectivement sur la réforme hospitalière et sur l’organisation et fonctionnement des EPS . Il faudra les revisiter et essayer d’appliquer les points essentiels qui s’y trouvent. Cela pourrait être un ouf de soulagement pour nos hôpitaux surtout pour ce qui est du statut du personnel, de la fonction publique hospitalière et entre autres. Ceci pourrait être une opportunité pour le redéploiement du personnel étatique vers la périphérie.
4) En terme d’infrastructures la loi 98-08 en son article 2, alinéa 2 stipule qu’il devrait avoir des établissements publics de santé de niveau 1 (EPS1) dans chaque commune cheffe lieu de département. Nous sommes actuellement à 8 EPS1/46 possibles. C’est pourquoi il y a ce manque criard de places pour prendre les patients référés car les CHUN sont submergés.
5) Concernant la gestion des urgences, nous savons tous que c’est un défi majeur dans nos hôpitaux. Arrivé en urgence il faut d’abord s’acquitter des frais avant de bénéficier d’une prise en charge ou bien c’est un problème de lit qui se pose tantôt. Contrairement à la recommandation de l’Article 8 de la loi 98-08 portant sur la réforme hospitalière qui stipule que « Le service public hospitalier garantit pour tous un accès équitable aux soins. Il est tenu d’accueillir toute personne de jour comme de nuit, en urgence si l’état du malade ou du blessé le justifie.
Afin de dispenser des soins de qualité, les Etablissements Publics de Santé Hospitaliers et les établissements hospitaliers privés ou militaires participant au service public doivent disposer des moyens adéquats. Ils sont tenus de prendre en charge les patients qui leur sont régulièrement référés, ou de leur trouver un lieu de soins adapté à leur état ».
Le régime obligatoire aux mutuelles de santé et aux assurances maladies serait une solution définitive.
6) Pour ce qui est des contractuels et des contrats en à plus finir. Un pays sérieux ne peut pas développer son système de santé en se basant sur des financements des bailleurs pour des programmes quinquennaux et vouloir signer des contrats annuels avec ses ressources humaines (ISMEA, JICA, COBRA, SAFI, GAVI, etc) ou envoyer le personnel en formation pour leurs plans de carrière.
La masse salariale et les bourses de formation doivent intégrer le budget du MSAS pour des CDI afin de fidéliser le personnel.
7) Au niveau du MSAS pour ce qui est des nominations dans les postes de directions et des programmes, elles doivent être des nominations ès-qualités et basées sur le mérite uniquement. Ne pas les laisser durer dans leurs postes car à la longue ils ne deviennent plus productifs. Ils sont à un moment donné dans une zone de confort et se donnent plus de défis.
Pour ce qui est des bourses, établir des critères de sélection voir même par concours, bref y mettre plus de crédibilité et les étendre aux paramédicaux.
Pour ce qui est de l’examen de certification pour les diplômes de licence en sciences infirmières et obstétricales, le ministère de la Santé doit cesser d’organiser cet examen car n’étant pas habilité à délivrer une licence. Ça doit demeurer exclusivement du ressort de l’UCAD via l’ENDSS.
8) Relèvement du plateau technique médical. A ce niveau de nombreux efforts doivent être faits afin de doter les structures sanitaires le matériel adéquat pour faire face aux besoins des populations.
La liste est loin d’être exhaustive mais on ne peut pas tout dire.
Nous souhaitons une bonne mission au nouveau ministre de la santé Dr Ibrahima SY.
Puisse Allah vous accompagner dans cette lourde responsabilité.
Mor Talla DIENG
Master en Management des services de santé
UCAD/ENDSS